Dermestes carnivorus (Fabricius, 1775 )

Synonyme(s) : 

Dermestes versicolor Laporte de Castelnau, 1841 
Dermestes carnivorus Dommlingi Meier, 1899

Noms usuels

  • Dermeste carnivore
  • Escarabajo del cuero

Classification :

  • Ordre :  Coleoptera
  • Famille :  Dermestidae
  • Genre :  Dermestes
  • Espèce :  carnivorus

Indice de fréquence :

2
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Généralités

La plupart des espèces de Dermestidae d’intérêt économique sont cosmopolites, elles ont été transportées involontairement par l’homme, depuis plusieurs dizaines de siècles voire de millénaires.
 
Environ 34 espèces de Dermestidae (on en connaît 86 espèces en France) sont susceptibles d’infester nos musées, nos lieux patrimoniaux, nos entrepôts, nos maisons,… dès lors qu’elles y trouvent une nourriture appropriée. Le genre Dermestes renferme, à lui seul, en France, plus du quart des espèces de la famille et c’est celui, parmi les Dermestidae, qui compte le plus d’espèces domicoles, bien que celles-ci soient répandues aussi dans la nature.
 
Les Dermestes (littéralement « mangeurs de peau ») sont essentiellement carnivores et nécrophages et leur larves voraces (souvent cannibales) se nourrissent de dépouilles et restes d’animaux (os, plumes, poils, peaux, chaires, …) d’insectes desséchés, de pupes ou de nymphes (voir chapitre « Matériaux infestés »). Ces insectes, vifs et à la marche rapide, sont capables de repérer leur nourriture de très loin (plusieurs centaines de mètres).
 
Par son facies trapu, en ovale allongé et l’absence d’ocelle médian sur le front le genre Dermestes est facilement reconnaissable. Dix autres espèces de Dermestes font ici l’objet de fiches, il s’agit de D. ater, D. bicolor, D. frischii, D. haemorrhoidalis, D. lardarius, D. maculatus, D. murinus, D. mustelinus, D. peruvianus et D. undulatus. Le lecteur pourra se reporter à ces autres fiches descriptives pour plus d’informations, générales ou spécifiques, sur ces ravageurs.
 
Les Dermestes spp. sont fréquemment associés aux cadavres humains. En criminologie et en entomologie forensique, ils font partie de la cohorte des insectes (ils sont plusieurs dizaines) utilisés par la police scientifique. Cependant ces Dermestes spp. sont peu fiables pour l’estimation de l’intervalle post-mortem, car il peuvent être attirés sur un cadavre aussi bien quelques jours après la mort, que plusieurs mois après. Par contre les déjections larvaires se révèlent très utiles pour détecter la présence d’éventuels produits toxiques (drogues, poisons), du fait que ceux-ci sont rapidement dégradés dans le corps humain.
 
Le « Dermeste carnivore» est essentiellement nécrophage. Il recherche préférentiellement les peaux et les cuirs et peut être très nuisible dans les musées (où il s’attaque aux collections zoologiques (insectes, animaux naturalisés)) et dans les bibliothèques d’ouvrages anciens. C’est également un fléau pour l’industrie du poisson séché.
 
Dermestes carnivorus appartient (comme D. frischii, D. maculatus, D. murinus, D. mustelinus et D. undulatus) au sous-genre Dermestinus, dont les adultes sont caractérisés par la dense pilosité (crayeuse, blanchâtre, orangée ou brun jaunâtre) de la face ventrale de l’abdomen, qui masque la cuticule.

Critères de reconnaissance

Adulte

Taille    

6,5 à 8,5 mm

Aspect

Insecte trapu, de forme ovale et allongée, environ 2,2 fois plus long que large.
Le pronotum, qui recouvre la moitié de la tête, représente ¼ de la longueur totale de l’imago.
Les 3 derniers segments antennaires forment une massue volumineuse.
L’angle apical des élytres est finement crénelé de petites dents régulièrement espacées.
Le mâle se distingue aisément de la femelle par la présence d’une petite touffe de poils noirs au milieu du 3ème et du 4ème sternite abdominal.

Coloration    

Cette espèce présente quelques variations (ex. chez la variété dommlingi), la pubescence peut être plus ou moins réduite et la coloration variable.
Les antennes (de 11 segments) sont de couleur rouge ocre, de même que les tarses et en particulier le dernier article qui est rouge brique.
Généralement l’adulte est brun rougeâtre très sombre à noir sur l’ensemble de sa partie dorsale. La tête, le bord antérieur et les côtés du pronotum sont recouverts d’une nette pubescence de soies gris jaunâtre, qui a l’aspect d’un duvet cendré.
La base des élytres est pourvue d’une bande, plus ou moins marquée, de poils dorés, et sur le reste de la surface élytrale il y a des petites touffes éparses de soies dorées.
La face ventrale de l’abdomen est de couleur blanchâtre avec une petite tache noire localisée aux angles antérieurs de chaque côté des segments.

Larve

Taille 

Elle atteint 11 à 16 mm en fin de développement.

Aspect 

Allongée, régulièrement amincie d’avant en arrière. Cuticule dure et coriace. Corps hérissé de longs poils brun-roux.
Présence, sur le dessus du 9ème segment abdominal, de 2 fortes protubérances pointues (appelées urogomphes).
Vue de profil, ces protubérances sont dirigées vers le haut et leur extrémité est incurvée vers l’avant.

Coloration    

Elle est marron sombre à noir. Tergites thoraciques (ceux qui portent les pattes) bordés latéralement d’une bande moins sombre que ne le sont le reste des segments ; au milieu de cette bande il y a une zone plus claire (au moins sur le 1er segment).
Note : Les caractères morphologiques ou de coloration, mentionnés ici ne sont utilisables qui si l’on a affaire à des larves âgées ; celles-ci, en général, de longueur égale ou supérieure à 11 mm.

Cycle de développement

La biologie du dermeste carnivore est actuellement assez mal connue dans le détail mais il est probable qu’elle soit proche de celle des espèces voisines de Dermestes domicoles et en particulier de D. frischii et de D. ater (cf. fiches correspondantes). Cependant, du fait de son origine sud-américaine cette espèce nécessite pour son développement une température et une humidité relative élevée (30-35 C° / 30-90% h.r.), son développement optimal ayant lieu à 35°C et 90% HR.

Matériaux infestés

  • Chitine

  • Collagène

  • Kératine

Le dermeste carnivore est strictement nécrophage il se nourrit principalement de tout reste et de cadavre d’animaux : carcasses, peaux, plumes, insectes et poissons desséchés. Cette espèce peut occasionnellement dévaster des collections entomologiques et zoologiques.

Dermestes carnivorus peut, comme d’autres dermestes, se développer en nombre aux dépens d’un simple cadavre d’oiseau, de souris ou de rat, d’un nid de guêpes,…. Aussi, il est vivement conseillé de tenir propres les locaux à risques.
 
Outre les dégâts dus à son alimentation la larve du dermeste carnivore, peut, lors de sa recherche d’un abri de nymphose, perforer le substratum nourricier mais il lui arrive fréquemment de forer ou transpercer  toutes sortes de matériaux, y compris du bois, des tuyaux (même en en plomb), des isolants, …. amplifiant ainsi, de façon considérable, sa nuisibilité.

Ajoutons que l’adulte peut, lui aussi, lors de sa sortie à la suite de la nymphose, occasionner des dommages similaires.

Répartition géographique

Originaire d’Amérique du sud, Dermestes carnivorus est connu maintenant dans toutes les régions du monde. En Europe de l’ouest il est surtout présent au sud et rare, voire absent, dans plusieurs pays du nord.