Tineola bisselliella (Hummel, 1823)

Synonyme(s) : 

  • Tinea flavifrontella Thunberg,1794
  • Tinea crinella Sodoffsky, 1830
  • Tinea destructor Stephens, 1834
  • Tineola furciferella Zagulajev, 1954
  • Tinea lanariella Clemens, 1859

Noms usuels

  • Teigne des vêtements
  • Clothing moth; Webbing clothes moth
  • Kleidermoth

Classification :

  • Ordre :  Lepidoptera
  • Famille :  Tineidae
  • Genre :  Tineola
  • Espèce :  bisselliella

Indice de fréquence :

5
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Généralités

Tineola bisselliella, appartient à la famille des lépidoptères Tineidae qui compte environ 90 espèces en France réparties dans 28 genres. Cette famille regroupe quelques espèces d’intérêt économique (elles sont cependant moins d’une dizaine en France), certaines sont kératophages (mangeuse de kératine) d’autres se nourrissent de laine, de peaux ou de plumes et d’autres sont phytophages et consomment des grains ou graines et des fruits secs. Diverses teignes dont Nemapogon cloacella (Haworth), étaient autrefois très nuisibles aux bouchons en liège des bouteilles de vin emmagasinées dans des caves. Trois espèces de Tineiade (ce sont celles qui sont les plus préjudiciables en France) ont été retenues dans cette base consacrée aux insectes du patrimoine culturel ; il s’agit de Tineola bisselliella, Tinea pellionella et Trichophaga tapetzella.

Tineola bisselliella est, parmi les teignes (ou mites) domicoles, celle qui est la plus commune, la plus polyphage et la plus préjudiciable. Son régime alimentaire est très diversifié puisque qu’il est composé aussi bien de produits d’origines animal que  végétale. Ce lépidoptère est un hôte fréquent dans les lieux patrimoniaux où il peut principalement nuire aux lainages, vêtements et tissus ainsi qu’aux animaux naturalisés. Cette espèce n’est probablement devenue domicole qu’à partir du 18ème siècle, avec l’apparition des appareils de chauffage ; en effet elle ne peut pas se développer normalement si les températures sont basses.

De par sa taille et sa coloration terne l’adulte est particulièrement discret ; de plus il n’est actif que la nuit et ne vole dans la journée que s’il est dérangé.

Notes : le mot « Teigne » désigne des lépidoptères appartenant à plusieurs familles, qui ont des biologies parfois très différentes. On l’utilise aussi pour désigner divers ravageurs de nos cultures, comme par exemple : la  "Teigne du poireau", la  "Teigne du figuier",  la  "Teigne de la pomme de terre » ou encore la  "Teigne des fleurs du pommier". Le terme de « Mite » est réservé essentiellement à des espèces de lépidoptères domicoles appartenant à la famille des Tineidae.

Critères de reconnaissance

Adulte

Taille

12 à 16 mm d’envergure.

Aspect

Au repos, les ailes sont repliées en toit sur le corps. Les ailes antérieures sont effilées et pointues. Les ailes postérieures sont longuement frangées sur leurs bordures. La tête est plutôt petite, les yeux sont gros, noirs et proéminents.

Coloration

La tête est couverte en dessus d’une dense touffe de poils brun roux. Les aies antérieures sont de couleur jaune paille satiné à gris argenté satiné. Les ailes postérieures sont variablement colorées, du blanc satiné au grisâtre satiné.
Note : l’identification des espèces de Tineidae (y compris celles domicoles) est une affaire de spécialiste, l’étude des organes génitaux, des mâles ou des femelles, est obligatoire pour une détermination spécifique certaine, d’autant que les imagos ont souvent les ailes frottées ce qui exclus toute reconnaissance à partir de critères externes.

 

Larve

Taille

Elle atteint 10 à 12 mm de longueur en fin de développement.

Aspect

La chenille s’entoure d’un petit manchon soyeux lâche qui la protégera de la dessiccation, il ne s’agit pas réellement d’un fourreau comme c’est le cas chez l’espèce Tinea pellionella.

Coloration

Chenille entièrement blanc crème légèrement luisante, à l’exception de la tête et du premier segment thoracique qui sont d’un marron plus ou moins clair.
Note : l’identification spécifique des larves de Tineidae est difficile et demande, outre des moyens optiques appropriés, une très bonne connaissance de la morphologie et de la chétotaxie. Il ne nous a pas paru opportun ici de donner les caractères précis, propres à cette espèce.

Cycle de développement

Comme la plupart des mites ou teignes domicoles Tineola bisselliella affectionne les endroits clos, peu fréquentés et toujours chauffés, sa présence passe souvent inaperçue car c’est une espèce discrète, le papillon comme les larves n’étant actifs que la nuit. Le mâle est un bon voilier tandis que la femelle à un vol médiocre et se déplace essentiellement en marchant ou en sautant.

Les  imagos de Tineola bisselliella sont surtout actifs d’avril à fin août.
Les femelles s’accouplent et pondent rapidement après leur émergence. Le nombre d’œufs pondus varie de 30 à plus de 200 mais il est en moyenne de 40 à 50. Les œufs, très petits et blanchâtres, sont déposés et collés au substratum (tapis, fourrures, plis de vêtements,…), séparément ou par petits paquets. La ponte s’échelonne sur une période de 2 à 3 semaines. La durée de l’incubation est de 1 à 3 semaines. La plupart des larves construisent des tunnels soyeux, recouverts de débris alimentaires et de déjections, dans lesquels elles évoluent ; ces tunnels lâches ne sont pas comparables aux fourreaux individuels construits par les chenilles de Tinea pellionella.
La durée du développement larvaire est très dépendante des conditions ambiantes, de la disponibilité et la richesse des nutriments ; elle varie de 1 mois à plus de 2 ans. Le cocon de nymphose et lâche et constitué de fibres de soies assemblées de divers déchets et déjections. La durée de la nymphose est généralement de 7 à 9 jours dans des conditions optimales mais elle peut aller jusqu’à un mois et demi en période défavorable. Ce sont les chenilles qui hivernent.
Le cycle complet de développement de Tineola bisselliela (de l’œuf à l’adulte) varie d’à peine plus d’un mois à 2 ou 3 ans (voire même 4 ans selon certains auteurs) ; dans les locaux à température ambiante normale il est en moyenne d’environ 2 mois.

Les femelles meurent généralement après la fin des pontes, c’est-à-dire au bout d’environ 15 à 20 jours, les mâles vivent un peu plus longtemps, près d’un mois. Le développement optimal de cette teigne se situe entre 25 et 28 degrés.
La teigne des vêtements peut supporter des conditions extrêmes y compris dans des situations avec une humidité relative ambiante proche de 0%, ce qui est très rare chez les insectes. Sa larve peut survivre sans se nourrir pendant de longues périodes, elle est alors en état de léthargie.
Dans les lieux chauffés cette teigne  peut avoir 4 générations par an.
Dans les régions où cette espèce vit à l’extérieur, elle se développe aux dépens de débris d’origines d’origine animale (par exemple dans les nids d’oiseaux ou d’invertébrés,…).

Matériaux infestés

  • Amidon

  • Chitine

  • Collagène

  • Épices, végétaux, herbiers

  • Fibres textiles vegetales

  • Kératine

Tineola bisselliella ne peut pas, pour se nourrir, se contenter uniquement de kératine, les chenilles doivent aussi manger d’autres matières animales (viandes, insectes morts,…), ou végétales (farines,…).
Cette teigne apparaît comme fréquente dans les établissements muséologiques et elle peut être très nuisible à de très nombreux matériaux. Elle peut en effet y faire de considérables ravages en se nourrissant de tout substrat contenant de la kératine (poils, peaux, fourrures, cornes, plumes,…) ou des fibres naturelles. Les meubles anciens décorés de riches soieries (canapés, fauteuils), les tentures, les tapisseries, la soie, les tapis, les lainages naturels, les costumes anciens,… sont aussi très appréciés par les larves. Cette mite ne consomme toutefois pas les fibres synthétiques. La Teigne des vêtements est aussi  très redoutée dans les bibliothèques, archives, collections zoologiques où elle peut commettre d’irréparables dégâts en dévorant littéralement les livres anciens, reliures, animaux naturalisés, défense,…
 
Les chenilles néonates sont très petites et peuvent s’insérer et contaminer des matériaux dès lors qu’elles disposent d’ouvertures ou d’interstices d’un diamètre supérieur à 0,04 mm. Ces chenilles recherchent particulièrement les endroits où elles seront peu ou pas dérangées, ainsi elles se réfugient parfois dans des armoires des placards ou des tiroirs là où il y a du vieux linge ou des vieux lainages. Les tissus, vêtements ou lainages sales et épais sont plus recherchées que ceux qui sont propres.
 
Les réserves des musées, lieux qui sont généralement peu fréquentés et à l’abri de passages, si elles recèlent des matériaux susceptibles d’être infestés, doivent faire l’objet d’une attention particulière, car c’est là que la mite des vêtements se rencontrent le plus fréquemment.
 
Dans les maisons des particuliers, l’utilisation des aspirateurs et des produits de nettoyage, l’utilisation grandissante des fibres synthétiques et les traitements antimites sont en grande partie la cause de la nette régression de cette espèce sur notre territoire.

Répartition géographique

Tineola bisselliella serait originaire des régions les plus chaudes d’Europe de l’ouest mais cette espèce est maintenant cosmopolite. Nul doute qu’elle a été transportée (avec des peaux et des laines) par l’homme dès qu’il est devenu nomade et qu’il a commencé à conquérir de nouveaux territoires.