Psocoptera family

Qui et combien sont-ils ?

Les Psoques (nom dérivé du verbe grec « psochein » qui veut dire broyer, émietter) appartiennent à l’ordre des Psocoptera (*). Ces insectes sont essentiellement tropicaux, on en connait environ 4.500 espèces, près de 120 sont répertoriées de France.

Parmi les psoques euro-méditerranéns une cinquantaine d’espèces est domicole (**) mais en France 9 d’entre elles peuvent être réellement considérées comme nuisibles, dans des entrepôts, les habitations, les lieux patrimoniaux,… ; certaines espèces étant d’ailleurs bien plus fréquentes que d’autres.
Ces 9 espèces appartiennent essentiellement aux familles des Ectopsocidae (genre Ectopsocus), Liposcelididae (genre Liposcelis), Psyllipsocidae (genres Dorypteryx et Psyllipsocus) et Trogidae (genres Lepinotus et Trogium).

(*) Dans certaines classifications et phylogénies récentes les Psocoptera sont réunis aux Phthiraptera et forment un ordre à part, celui des Psocodea.
(**) Ce terme qualifie, en particulier, des insectes qui ont élu domicile dans nos maisons, bâtiments, entrepôts, usines, musées,…certains sont même devenus anthropophiles.

Comment les reconnaître ?

Les psoques sont de petits insectes délicats, normalement ailés, à corps mou et à coloration discrète, généralement terne. Les pièces buccales sont broyeuses.
Au repos les ailes sont repliées en toit sur l’abdomen, la silhouette et la nervation rappellent celles des psylles ou des pucerons, toutefois ces derniers, qui appartiennent à l’ordre des Hemiptera, ont un rostre piqueur et sont démunis de palpes labiaux.
La tête est globuleuse, large et très mobile, le clypeus est généralement proéminent. Les antennes son longues et filiformes composées généralement de 13 à 15 articles mais parfois beaucoup plus ; le flagelle antennaire est toujours fin. Les tarses sont formés de 2 ou 3 articles et terminés par des griffes.

La taille des psoques varie de 0, 75 mm à 10 mm, pour les espèces européennes, mais elle est en moyenne de 1 à 3 mm (jusqu’à 7 mm en France).
Les adultes, en particulier les mâles, possèdent généralement 4 ailes membraneuses et dans ce cas les ailes antérieures sont beaucoup plus longues que les postérieures. Au repos les ailes sont repliée en toit, elles sont non plissées et à nervation simplifiée.
Cependant, il existe, dans cet ordre de nombreuses espèces aptères ou à ailes plus ou moins réduites.

Développement :

Les Psoques sont des insectes hémimétaboles, c’est-à-dire qu’ils ne subissent pas de métamorphoses. A l’éclosion la larve néonate ressemble déjà à un adulte aptère dépigmenté et de très petite taille. Le nombre de stade larvaire est généralement de 6, parfois 5.
Les conditions ambiantes (température et humidité) et la qualité de la nourriture conditionnent la vitesse de développement des psoques ; la durée du cycle de vie peut ainsi aller de 1 à plusieurs mois.

Où et de quoi vivent-ils ?

Dans la nature les Psoques vivent dans des milieux variés, ils sont omnivores et communs sur les végétaux. La majorité des espèces est arboricole et vit essentiellement sur les troncs et les branches ou sous ou sur les écorces, particulièrement ci ceux-ci sont couverts de lichens et de mousses. Certaines espèces se développent sur les feuilles vivantes (celles des conifères par exemple) ou sur des feuilles mortes.
D’autres espèces vivent dans la litière végétale ou les couches superficielles du sol et se nourrissent essentiellement d’algues et de champignons.
Enfin d’autres se développent dans les nids (ceux des oiseaux en particuliers) ; quelques rares espèces sont cavernicoles.

Importance économique :

Nos espèces domicoles infestent une multitude de denrées alimentaires et produits stockés d’origines animale ou végétale, ainsi que les collections d’histoire naturelle, elles affectionnent également les bibliothèques et les salles d’archives.
En réalité les psoques domicoles se nourrissent de moisissures, de bactéries, de levures ou d’algues, qui se développent sur toutes sortes de denrées, de matériaux (même les boiseries, le cuir et le plâtre) et de matières premières.

Les psoques préfèrent généralement les habitats chauds et humides. Quand les conditions de développement sont optimales on assiste alors à de véritables pullulations et ce sont ces infestations importantes qui engendrent parfois des dommages significatifs.
Les psoques sont essentiellement, aux stades larvaires et adulte, des brouteurs, des broyeurs ou des émietteurs. Ils peuvent être à l’origine de contaminations microbiologiques sur des aliments et provoquent parfois des allergies ou des dermatoses.

Les psoques domicoles sont des insectes discrets qui vivent en groupe et fuient la lumière. Ils peuvent aisément passer inaperçus en raison de leur petite taille et de leur pâle coloration, de fait, lorsque l’on décèle leur présence, les populations sont hélas souvent bien établies et très importantes.
D’une façon générale, les psoques domicoles ont fait l’objet de peu de travaux relatifs à leur biologie ou leur éthologie.

Note : pour déterminer ces espèces des lieux patrimoniaux et pour accéder aux fiches spécifiques, reportez-vous à la clé visuelle d'identification des Psoques.

Principales mesures préventives ou curatives contre les psoques :

La lutte chimique ne sera envisageable que dans des cas extrêmes et des situations particulières. Les mesures prophylactiques ou curatives simples suffisent en général à éviter les infestations, à les stopper ou les éradiquer et ainsi éviter les pullulations.

     - On veillera à aérer ou ventiler les locaux humides de manière à les asséchés ; au besoin utiliser un déshumidificateur.

     - On évitera tous suintements et toutes traces d’humidité aussi bien au sol que sur les murs ou tous types de matériaux ou objets (attention à l‘eau qui peut imbiber les boiseries : parquets, plinthes…).

     - On veillera à vérifier l’étanchéité des locaux pour éviter la pénétration d’insectes domicoles ; les psoques domicoles ailés sont de bons voiliers et de plus, ils sont facilement disséminés par les vents.

     - On veillera à un bon entretien des salles, lieux de réserve, locaux techniques,… par un nettoyage adapté et un passage régulier de l‘aspirateur afin d’éliminer les poussières qui contiennent entre autres, des pollens et des spores de moisissures dont les psoques sont très friands.

     - On inspectera régulièrement les combles, les appareils de climatisation, les conduits d’aération afin de s’assurer de l’absence de nids d’oiseaux ou de nids d’insectes (hyménoptères) qui constituent souvent des gîtes à psoques.

     - On évitera toutes sources extérieures d’infestation et pour cela on inspectera soigneusement les œuvres et leur conditionnement (principalement les collections d’histoire naturelle, les œuvres d’art contemporain, les dons d’archives, les prêts d’œuvres lors d’exposition...) entrant dans les musées.
Dans le cas d’une infestation avéré par ces insectes, une mise en quarantaine s’impose et un traitement curatif pourra être envisagé en tenant compte du type de matériaux constitutif des œuvres (congélation, chaleur, privation d’oxygène,…).

     - On conservera tous produits alimentaires en particulier ceux à base d’amidon, dans des contenants fermés.

Clef d'identification

 La clé d’identification ci-après permettra de déterminer les 5 principaux genres et les 6 espèces domicoles retenues dans cette base (excepté les 2 Liposcelis) et qui font l’objet de fiches.
Signalons toutefois que quelques autres genres et plusieurs autres espèces sont des domicoles plus ou moins permanents et plus ou moins fréquemment rencontrés.
Il existe par ailleurs des espèces qui sont des domicoles temporaires, c’est le cas entre autre de Lachesilla pedicularia (Linnaeus) qui, lors de pullulation, peut occasionnellement envahir, en particulier en automne, divers locaux, maison.

La différenciation des espèces de Liposcelis est difficile pour les non spécialistes et il n’y a pas lieu de distinguer ici les 2 espèces d’autant qu’elles font l’objet d’une fiche commune, en raison de leurs similarités biologiques et comportementales


1- Fémurs postérieurs fortement élargis avec une bosse externe supérieure à l’endroit le plus large (Fig. 1).
Antennes de 15 articles. Individus des 2 sexes toujours aptères. Corps aplati dorso ventralement …………………………………Genre Liposcelis (L. decolor et L. corrodens) 
1’- Fémurs postérieurs pas ou peu élargis et sans bosse externe supérieure. (Fig. 2)
Antennes de plus de 20 articles. Adultes aptères, brachyptères ou macroptères………..................................................2

2 - Pattes postérieures longues et fines. Tous les fémurs non élargis (Fig. 2) Corps allongé.
Dorypteryx domestica , Dorypteryx longipennis et Psyllipsocus ramburi……………………………………………………….………..............AA’

A- Aile antérieure longuement velue, étroite à apex « pointu »…............................................................................Genre Dorypteryx
            ► 5 nervures atteignent la marge de l’aile……………....................................................................................D. domestica
            ►2 nervures atteignent la marge de l’aile ………………..................................................................................D. longipennis
A’- Aile antérieure pratiquement glabre, large, à apex arrondi...Psyllipsocus ramburi


2’- Pattes postérieures plus courtes. Fémurs sensiblement élargis. Corps moins allongé. (Fig.3) ……………………………………… 3

3 – Dernier article du palpe maxillaire environ 3 fois plus long que large. (Fig.4) A
dultes à coloration presque uniformément brune.)…………........................................................................................Lepinotus patruelis
3'- Dernier article du palpe maxillaire au plus 2 fois plus long que large (Fig.5)
Adultes à coloration presque uniformément claire, jaunâtre avec des petites taches brun-orange
sur la bordure antérieure de plusieurs tergites……………………………………………................................................................Trogium pulsatorium

Les dessins illustrant cette clé d’identification sont empruntés à la Faune de France N° 83 (1) et sont réutilisés ici avec l’aimable autorisation du Comité de la Faune de France (Fédération française des Sociétés de Sciences Naturelles). (1) Psocoptères euro-méditerranéens ; Faune de France et régions limitrophes N° 83. Par Charles LIENHARD, Fédération française des Sociétés de Sciences Naturelles, 1998, 517 pages.