Dermestes ater (DeGeer, 1774)

Synonyme(s) : 

  • Dermestes cadaverinus Fabricius, 1775 
  • Dermestes piceus Thunberg, 1787 
  • Dermestes felinus Fabricius, 1787 
  • Dermestes domesticus Germar, 1824 
  • Dermestes hispidulus Montrouzier, 1860 
  • Dermestes chinensis Motschulsky, 1866 
  • Dermestes subcostatus Murray, 1867 
  • Dermestes noxius Mulsant et Rey, 1868 
  • Dermestes favarcqui Godard, 1883 
  • Dermestes ruficapicalis Pic, 1951

Noms usuels

  • Dermeste noir
  • Black larder beetle Incinerator beetle

Classification :

  • Ordre :  Coleoptera
  • Famille :  Dermestidae
  • Genre :  Dermestes
  • Espèce :  ater

Indice de fréquence :

3
Posté par fabien le
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Généralités

La plupart des espèces de Dermestidae d’intérêt économique sont maintenant cosmopolites, elles ont été transportées involontairement par l’homme, depuis plusieurs dizaines de siècles voire de millénaires.
Environ 34 espèces de Dermestidae (on en connaît 86 espèces en France) sont susceptibles d’infester nos musées, nos lieux patrimoniaux, nos entrepôts, nos maisons,… dès lors qu’elles y trouvent une nourriture appropriée. Le genre Dermestes renferme, à lui seul, en France, plus du quart des espèces de la famille et c’est celui, parmi les Dermestidae, qui compte le plus d’espèces domicoles, bien que celles-ci soient répandues aussi dans la nature.

Les Dermestes (littéralement « mangeurs de peau ») sont essentiellement carnivores et nécrophages et leur larves voraces (souvent cannibales) se nourrissent de dépouilles et de restes d’animaux (os, plumes, poils, peaux, chaires, …), d’insectes desséchés, de pupes ou de nymphes,…. Ces insectes, vifs et à la marche rapide, sont capables de repérer leur nourriture de très loin (plusieurs centaines de mètres).

Par son facies trapu, en ovale allongé et l’absence d’ocelle médian sur le front le genre Dermestes est facilement reconnaissable. Dix autres espèces de Dermestes font ici l’objet de fiches, il s’agit de D. bicolor, D. carnivorus, D. frischii, D. haemorrhoidalis, D. lardarius, D. maculatus, D. murinus, D. mustelinus, D. peruvianus et D. undulatus. Le lecteur pourra se reporter à ces autres fiches descriptives pour plus d’informations, générales ou spécifiques, sur ces ravageurs.

Les Dermestes spp. sont fréquemment associés aux cadavres humains. En criminologie et en entomologie forensique, ils font partie de la cohorte des insectes (ils sont plusieurs dizaines) utilisés par la police scientifique. Cependant ces Dermestes spp. sont peu fiables pour l’estimation de l’intervalle post-mortem, car il peuvent être attirés sur un cadavre aussi bien quelques jours après la mort, que plusieurs mois après. Par contre les déjections larvaires se révèlent très utiles pour détecter la présence d’éventuels produits toxiques (drogues, poisons), du fait que ceux-ci sont rapidement dégradés dans le corps humain.

Le « Dermeste noir » peut se développer aux dépens de nombreux produits et denrées d’origine animale (viandes et poissons, peaux, laines, larves/pupes/cocons/adultes d‘insectes,…) ou végétale (farines de blé ou de soja, arachides, coprah,…). Il est considéré comme un  important ravageur dans les collections muséologiques ceci s’explique en partie par son régime alimentaire qui est plus vaste que celui de  la plupart des autres espèces domicoles de dermestes (cf. chapitre »Matériaux infestés »). C’est également un fléau pour l’industrie du poisson séché et pour celle de la laine d’origine animale, en particulier en Asie.

Dermestes ater appartient (comme  D. bicolor, D. haemorrhoidalis, D. lardarius et D. peruvianus) au sous-genre Dermestes, dont les adultes sont caractérisés par la face ventrale de l’abdomen à pilosité fine et éparse laissant voir ainsi la cuticule.

Critères de reconnaissance

Adulte

Taille    

7 à 9,5 mm

Aspect    

Forme ovale et allongée, 2,3 fois plus longue que large.
Les antennes sont courtes, de 11 articles, les 3 derniers forment une massue compacte
Le pronotum, qui recouvre une partie de la tête, représente environ ¼ de la longueur totale du corps.
Elytres lisses recouverts d’une fine pilosité couchée.
Le mâle se différencie aisément de la femelle par la présence d’une petite touffe de longs poils dorés au milieu des 3ème et 4ème sternites abdominaux.

Coloration    

Brun à rougeâtre très sombre, parfois presque noir.
Elytres d’aspect luisant, à coloration foncière uniforme, allant du brun rougeâtre au brun noir. Ils sont revêtus d’une fine pubescence couchée de couleur jaune pâle.
La face ventrale de l’abdomen est revêtue d’une fine pubescence gris-jaunâtre. Les bords latéraux des sternites sont presque entièrement envahis par une tache noire, il y a en plus sur chaque sternite, 2 taches médianes noirâtres, celle-ci peuvent être plus ou moins confluentes ou séparées.

Larve

Taille  

Elle mesure de 10 à 16 mm en fin de développement.

Aspect    

Allongée, régulièrement amincie d’avant en arrière.
Présence sur le 9ème segment abdominal, de 2 fortes protubérances pointues (appelées urogomphes). Celles-ci diminuent graduellement d'épaisseur de la base à leur sommet.
Les urogomphes sont droits mais inclinés vers l’arrière leur pointe est légèrement recourbée vers le bas.

Coloration    

Brun sombre avec les membranes intersegmentaires claires.

Cycle de développement

Le nombre d’œufs pondus par la femelle varie de 200 à 800. Les œufs sont déposés sur le substrat nourricier, soit isolément soit par paquets de 15 à 25. La ponte peut s’étaler sur une période de 2 mois. La fécondité est totalement dépendante de la température, l’humidité ambiante, la qualité et la quantité de nourriture, et la teneur en eau du substrat.

Les œufs éclosent au bout de 2 jours à 35°C et de 6 jours à 21°C. Le développement larvaire est d’environ 20 jours à 35°C et de 50 jours à 21°C.
Le nombre de stades larvaires est de 6 à 7 à 35°C et de 7 à 9 à 21°C. La pupaison est de 5 jours à 35°C et 12 jours à 21°C.

Le développement est optimal avec une humidité relative de l’ordre de 80% et une température comprise entre 27°C et 29°. Toutefois cette espèce se développe à des températures plus basses et avec un taux d’humidité relative moins élevé, mais dans ce cas toutes les étapes de son cycle sont alors plus longues.
Le développement (de l’œuf à l’adulte) de Dermestes ater demande de 37 à 53 jours.

Comme chez tous les Dermestes domicoles, la nymphose se déroule dans une petite cavité de quelques millimètres, creusée plus profondément dans le substrat.
A l’extérieur, la mue imaginale se fait en général pendant les mois chauds. L’imago reste quelques jours dans sa nymphe avant de s’envoler vers l’extérieur. Les adultes vivent environ 3 mois à 30°C et 170 jours à 21°C.
On constate que des températures plutôt basses favorisent la longévité des adultes, à l’inverse la durée du développement larvaire diminue (dans une fourchette de 17°C à 35°C) avec l’accroissement des températures.

En France, dans la nature, il y a au moins une génération annuelle, dans les locaux 2 à 3 générations sont possibles.
A l’extérieur Dermestes ater hiverne à l’état adulte.
 
Notes : selon les auteurs, les données sur le cycle de développement  de Dermestes ater sont très variables, parfois même clairement différentes. Il conviendra donc de considérer celles indiquées ci-dessus comme de simples éléments informatifs.

Matériaux infestés

  • Chitine

  • Collagène

  • Kératine

Dermestes ater est, parmi les Dermestes domiciles, celui qui a le plus large spectre d‘alimentation. En effet, il se développe aussi bien sur des substrats d’origine animale que d’origine végétale. Il peut donc vivre aux dépens d’un grand nombre de produits, denrées ou matériaux, qu’ils soient manufacturés ou non : cadavres de mammifères et d’oiseaux, insectes morts et leurs cocons, poissons secs, peaux, charcuteries, cuir, laine, soie, fromages, lait en poudre, déchets divers,…
Ses dégâts sont fréquents (particulièrement en régions chaudes), dans les usines, les entrepôts et les magasins d’alimentation, de préférence  s’ils recèlent des aliments carnés ou des poissons séchés.
Dans la nature le « dermeste noir » est fréquemment associé aux insectes et se rencontre en particulier dans leurs nids, en particulier ceux des lépidoptères et des hyménoptères.

Dans les lieux patrimoniaux et particulièrement les musées d’histoire naturelle ou d’ethnographie, il (surtout sa larve) peut se nourrir de peaux et d’animaux naturalisés (mammifères, oiseaux, éventuellement gros insectes,…), de produits (ou d’objets) à base de céréales, de laine, de soie,…

Dermestes ater peut, comme d’autres dermestes, se développer en nombre aux dépens d’un simple cadavre d’oiseau, de souris ou de rat, d’un nid de guêpes,… Aussi, il est vivement conseillé de tenir propres les locaux à risques.

Outre les dégâts dus à son alimentation, la larve de Dermestes ater peut, lors de sa recherche d’un abri de nymphose, perforer le substratum nourricier mais il lui arrive fréquemment de forer ou transpercer  toutes sortes de matériaux, y compris du bois, des tuyaux (même en en plomb), des isolants, ….  amplifiant ainsi, de façon considérable, sa nuisibilité.
Ajoutons que l’adulte peut, lui aussi, lors de sa sortie à la suite de la nymphose, occasionner des dommages similaires.

Répartition géographique

On pense que Dermestes ater serait originaire d’Amérique ; il est maintenant présent dans toutes les régions du monde et largement distribué en Europe.