Dermestes bicolor (Fabricius, 1781 )

 

Synonyme(s) : 

Dermestes striatus Kolenati, 1846

Noms usuels

  • Dermeste bicolor
  • Dermestes bicolor
  • Gestreifter speckkäfer; Zweifarbiger speckkäfer

Classification :

  • Ordre :  Coleoptera
  • Famille :  Dermestidae
  • Genre :  Dermestes
  • Espèce :  bicolor

Indice de fréquence :

2
Posté par fabien le
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Généralités

La plupart des espèces de Dermestidae d’intérêt économique sont cosmopolites, elles ont été transportées involontairement par l’homme, depuis plusieurs dizaines de siècles voire de millénaires.
Environ 34 espèces de Dermestidae (on en connaît 86 espèces en France) sont susceptibles d’infester nos musées, nos lieux patrimoniaux, nos entrepôts, nos maisons,… dès lors qu’elles y trouvent une nourriture appropriée. Le genre Dermestes renferme, à lui seul, en France, plus du quart des espèces de la famille et c’est celui, parmi les Dermestidae, qui compte le plus d’espèces domicoles, bien que celles-ci soient répandues aussi dans la nature.

Les Dermestes (littéralement « mangeurs de peau ») sont essentiellement carnivores et nécrophages et leur larves voraces (souvent cannibales) se nourrissent de dépouilles et restes d’animaux (os, plumes, poils, peaux, chaires, …) d’insectes desséchés, de pupes ou de nymphes (voir chapitre « Matériaux infestés »). Ces insectes vifs et à la marche rapide, sont capables de repérer leur nourriture de très loin (plusieurs centaines de mètres).

Par son facies trapu, en ovale allongé et l’absence d’ocelle médian sur le front le genre Dermestes est facilement reconnaissable. Dix autres espèces de Dermestes font ici l’objet de fiches, il s’agit de D. ater, D. carnivorus, D. haemorrhoidalis, D. frischii, D. lardarius, D. maculatus, D. murinus, D. mustelinus, D. peruvianus et D. undulatus. Le lecteur pourra se reporter à ces autres fiches descriptives pour plus d’informations, générales ou spécifiques, sur ces ravageurs.

Les Dermestes spp. sont fréquemment associés aux cadavres humains. En criminologie et en entomologie forensique, ils font partie de la cohorte des insectes (ils sont plusieurs dizaines) utilisés par la police scientifique. Cependant ces Dermestes spp. sont peu fiables pour l’estimation de l’intervalle post-mortem, car il peuvent être attirés sur un cadavre aussi bien quelques jours après la mort, que plusieurs mois après. Par contre les déjections larvaires se révèlent très utiles pour détecter la présence d’éventuels produits toxiques (drogues, poisons), du fait que ceux-ci sont rapidement dégradés dans le corps humain.

Le « Dermeste bicolore » est très actif pendant l’été où, on peut le voir dans la nature, infestant plus particulièrement tout reste d’animal mort, les nids d’oiseaux, de chenilles processionnaires, de guêpes et les ruches. On peut aussi voir ses larves se déplacer avec vivacité sur l’écorce des arbres, en particulier les chênes lièges, où elles se nourrissent de tout débris animal (chrysalides, papillons morts …).
Il est également présent dans nos locaux, entrepôts maisons, lieux patrimoniaux,… où il peut infester toutes denrées à base de viande séchée ; il contamine parfois les greniers à séchage et  fumage de charcuteries et viandes. Dans les musées sa larve peut s’avérer nuisible aux reliures et parchemins d’ouvrages anciens,… et aux collections d’animaux naturalisés.

Dermestes bicolor appartient (comme D. ater, D. haemorrhoidalis, D. lardarius et D. peruvianus) au sous-genre Dermestes, dont les adultes sont caractérisés par la face ventrale de l’abdomen à pilosité fine et éparse laissant voir ainsi la cuticule foncée.

Critères de reconnaissance

Adulte

Taille

7 à 9 mm

Aspect    

Ovale et allongé, environ 2,6 fois plus long que large.
Elytres nettement striés, les stries s’atténuant sur les côtés. Ensemble du corps à pubescence courte et couchée laissant voir le tégument.

Coloration    

L’ensemble du corps (y compris les pattes et les antennes) brun rougeâtre à brun noir, aspect luisant.
Côtés et partie antérieure du pronotum avec une nette pubescence roussâtre, celle-ci également présente le long du bord antérieur des élytres et sur l’écusson.
Surface ventrale uniformément roussâtre avec une pilosité claire et couchée.

Larve

Taille

Elle atteint 10 à 12 mm de longueur en fin de développement.

Aspect    

Allongée étroite, régulièrement amincie d’avant en arrière. Présence sur le dessus du 9ème segment abdominal de 2 protubérances pointues (appelées urogomphes).
Ces urogomphes sont dirigés vers l’arrière la partie apicale pointue brusquement recourbée, presque à angle droit.
Pilosité peu fournie sur le dessus de l’ensemble des segments abdominaux.

Coloration    

Dessus du corps uniformément brun, avec une vague ligne médiane plus claire sur le dos.
Note : Les caractères morphologiques ou de coloration, mentionnés ici ne sont utilisables qui si l’on a affaire à des larves âgées ; celles-ci, en général, de longueur égale ou supérieure à 10 mm.

Cycle de développement

Dermestes bicolor n’a pas fait l’objet d’études en France mais d’après les observations biologiques réalisées dans d’autres pays (République Tchèque,…) il semble que sa biologie soit assez proche de celle de D. lardarius, rappelée ci-dessous.
Les conditions optimales de développement sont de 20 à 22° C  avec une  humidité relative de 65% La fécondité est impossible en dessous de 15° C et au-dessus de 30° C ; par contre elle est (comme il est de règle chez beaucoup d’insectes des denrées), optimale lorsque le substrat infesté est très riche en nourriture et surtout en eau.

La femelle peut pondre plus d’une centaine œufs sur un période pouvant s’étendre jusqu’à 6 mois. Elle les dépose par petits groupes dans les anfractuosités des substrats infestés. Le nombre de stades larvaires nécessaires au complet développement dépend de la température ambiante : il est de 6 stades à 20° C et de 8 à 27°.

Comme chez tous les Dermestes domicoles, la nymphose se déroule dans une petite cavité de quelques millimètres, creusée plus profondément dans le substrat. La mue imaginale se fait en général pendant les mois chauds. L’imago restera quelques jours dans sa nymphe avant de s’envoler vers l’extérieur.

La longévité de l’imago ne dépasse pas plus de 7 mois en milieu tempéré et diminue fortement lors de températures plus élevées. Il peut y avoir jusqu‘à 3 générations par an.

Dermestes bicolor affectionne particulièrement les nids de pigeons où adultes et larves y trouvent refuge et nourriture.

Matériaux infestés

  • Chitine

  • Collagène

  • Kératine

Le régime alimentaire majoritairement nécrophage du Dermestes bicolor est à base de toute matière animale morte : insectes, poissons, viandes et charcuteries séchés, peaux, poils, laine et dérivés, cuirs, reliures ... Ses larves sont occasionnellement nuisibles dans les bibliothèques de livres anciens, où elles s’attaquent surtout aux reliures et parchemins.

Elles sont aussi attirées par les collections d’animaux naturalisés.

Dermestes bicolor peut, comme d’autres dermestes, se développer en nombre aux dépens d’un simple cadavre d’oiseau, de souris ou de rat, d’un nid de guêpes,… Aussi, il  est vivement conseillé de tenir propres les locaux à risques.

Outre les dégâts dus à son alimentation la larve de Dermestes bicolor, peut, lors de sa recherche d’un abri de nymphose, perforer le substratum nourricier mais il lui arrive fréquemment de forer ou transpercer  toutes sortes de matériaux, y compris du bois, des tuyaux (même en en plomb), des isolants, … amplifiant ainsi, de façon considérable, sa nuisibilité. Ajoutons que l’adulte peut, lui aussi, lors de sa sortie à la suite de la nymphose, occasionner des dommages similaires.

Répartition géographique

Cette espèce est cantonnée à la région paléarctique. Elle est sans doute originaire d’Eurasie (comme D. lardarius).
Assez fréquente dans la nature en Europe de l’Ouest et en Afrique du nord, elle se retrouve jusqu’en Finlande et en Russie centrale.