Dermestes frischii Kugelann, 1792

Synonyme(s) : 

  • Dermestes vulpinus Herbst, 1792 
  • Dermestes pollinctus Hope, 1834

Noms usuels

  • Dermeste destructeur du cuir
  • Dermested beetle Hairy beetle
  • Escarabajo del cuero
  • Dornloser speckkäfer

Classification :

  • Ordre :  Coleoptera
  • Famille :  Dermestidae
  • Genre :  Dermestes
  • Espèce :  frischii

Indice de fréquence :

5
Posté par fabien le
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Généralités

La plupart des espèces de Dermestidae d’intérêt économique sont cosmopolites, elles ont été transportées involontairement par l’homme, depuis plusieurs dizaines de siècles voire de millénaires.
Environ 34 espèces de Dermestidae (on en connaît 86 espèces en France) sont susceptibles d’infester nos musées, nos lieux patrimoniaux, nos entrepôts, nos maisons,… dès lors qu’elles y trouvent une nourriture appropriée.

Le genre Dermestes renferme, à lui seul, en France, plus du quart des espèces de la famille et c’est celui, parmi les Dermestidae, qui compte le plus d’espèces domicoles, bien que celles-ci soient répandues aussi dans la nature.

Les Dermestes (littéralement « mangeurs de peau ») sont essentiellement carnivores et nécrophages et leur larves voraces (souvent cannibales) se nourrissent de dépouilles et restes d’animaux (os, plumes, poils, peaux, chaires, …) d’insectes desséchés, de pupes ou de nymphes (voir chapitre « Matériaux infestés »).
Ces insectes vifs et à la marche rapide, sont capables de repérer leur nourriture de très loin (plusieurs centaines de mètres).
 
Par son facies trapu, en ovale allongé et l’absence d’ocelle médian sur le front le genre Dermestes est facilement reconnaissable.
Dix autres espèces de Dermestes font ici l’objet de fiches, il s’agit de D. ater, D. bicolor, D. carnivorus, D. haemorrhoidalis, D. lardarius, D. maculatus, D. murinus, D. mustelinus, D. peruvianus et D. undulatus.
Le lecteur pourra se reporter à ces autres fiches descriptives pour plus d’informations, générales ou spécifiques, sur ces ravageurs.
 
Les Dermestes spp. sont fréquemment associés aux cadavres humains. En criminologie et en entomologie forensique, ils font partie de la cohorte des insectes (ils sont plusieurs dizaines) utilisés par la police scientifique. Cependant ces Dermestes spp. sont peu fiables pour l’estimation de l’intervalle post-mortem, car il peuvent être attirés sur un cadavre aussi bien quelques jours après la mort, que plusieurs mois après. Par contre les déjections larvaires se révèlent très utiles pour détecter la présence d’éventuels produits toxiques (drogues, poisons), du fait que ceux-ci sont rapidement dégradés dans le corps humain.
 
Le « Dermeste destructeur du cuir » est un hôte fréquent et redouté dans les musées et les bibliothèques d’ouvrages anciens, il recherche préférentiellement les peaux et les cuirs mais se montre aussi particulièrement nuisible aux collections zoologiques (insectes, animaux naturalisés). C’est également un fléau pour l’industrie du poisson séché et il est très commun, en particulier en Asie. Il a été trouvé (avec d’autres espèces de Dermestidae) dans des tombes égyptiennes datant du 3ème millénaire av. JC.
 
Dermestes frischii appartient (comme D. carnivorus, D. maculatus, D. murinus, D. mustelinus et D. undulatus) au sous-genre Dermestinus, dont les adultes  sont caractérisés par la dense pilosité ((crayeuse, blanchâtre, orangée ou brun jaunâtre) de la face ventrale de l’abdomen, qui masque la cuticule.

Critères de reconnaissance

Adulte

Taille    

6 à 9,5 mm

Aspect    

Insecte trapu, ovoïde et allongée.
Le corps est environ 2,5 fois plus long que large et recouvert de soies denses de divers coloris et longueurs, donnant un aspect un peu moucheté, celui-ci nettement visible chez les individus frais et non frottés.
Le pronotum, plutôt massif représente environ 1/3 de la longueur des élytres.
Les antennes sont plutôt courtes, de 11 segments, les 3 derniers sont élargis et forment une massue.
Prothorax orné antérieurement et plus largement sur les côtés, d’une pubescence blanc-jaunâtre, blanc-doré. Cette pubescence se retrouve aussi sur le dessus de la tête, il y a en outre une petite touffe de poils argentés au bord interne de l’œil.
Les élytres sont recouverts de fines soies noires couchées entremêlées irrégulièrement de poils blanc-jaunâtre.
Le mâle se différencie de la femelle par la présence d’une touffe de poils brun-noir située au milieu du 4ème sternite abdominal.

Coloration    

La face dorsale est d’un brun très sombre à noir, les pattes et les antennes sont d’un brun plus clair.
La face ventrale de l’abdomen est en grande partie parée d’une pubescence blanche ou légèrement gris-rosâtre.
Sur chaque sternite il y a 2 taches latérales noires, le dernier sternite présente en outre une tache médiane noirâtre à son bord postérieur mais celle-ci n’atteint pas la marge antérieure du sternite.

Larve


Taille    

Elle mesure de 13 à 15 mm de longueur, à maturité.

Aspect    

Allongée, étroite mais trapue, régulièrement amincie d’avant en arrière. Cuticule dure et coriace.
Corps hérissé de poils brun-roux certains sont courts et d’autres (moins nombreux) bien plus longs, à l’arrière la pilosité est un peu plus fournie.
Présence sur le 9ème segment abdominal (le dernier), de 2 fortes pointes (nommées urogomphes). Celles-ci sont faiblement renflées à leur base et régulièrement amincies pour se terminer en pointe.
Vue de profil ces pointes sont nettement recourbées vers le dos (l’avant). 

Coloration    

L’ensemble du corps est brun très sombre à noir. Le thorax et l’abdomen présentent une bande dorsale longitudinale, formée de taches claires.
Cette bande est sensiblement de la même largeur du thorax au pygidium et elle se différencie nettement du reste du corps qui est brun-noirâtre.
Note : Les caractères morphologiques ou de coloration, mentionnés ici ne sont utilisables qui si l’on a affaire à des larves âgées (en général de longueur égale ou supérieure à 12 mm).

Cycle de développement

Ce sont en général les adultes qui hivernent. Ils reprennent leur activité au printemps mais sont particulièrement actifs en mai et juin, période à laquelle ils rentrent généralement dans nos locaux, nos lieux patrimoniaux,… La ponte débute au printemps et peut s’échelonner jusqu’au mois d’août, voire plus tard.
Dans la nature et dans le midi de la France on peut voir des adultes actifs jusqu’en octobre. 

La femelle peut pondre, sur une période de 2 mois, de 40  à plus de 400 œufs, les œufs sont blancs et mesurent environ 1,8 mm. La fécondité est dépendante de la teneur en eau du substrat nourricier, ainsi, plus la teneur en eau est élevée plus la fécondité est importante. Les œufs sont déposés en petite quantité et en plusieurs fois, dans les fissures de l’aliment qui servira de nourriture aux larves ou dans des anciennes galeries. La larve néonate éclot 5 à  9 jours après la ponte.

Le développement larvaire optimal nécessite des températures comprises entre 30 et 33° C et ne peut se dérouler en dessous de 15° C. et au-dessus de 40° C. On a noté de 5 à 9 stades larvaires chez cette espèce. Les larves sont lucifuges et si elles sont dérangées elles simulent la mort en se roulant en boule et en s’immobilisant.

Avant d’atteindre son dernier stade, la larve cesse de s’alimenter, recherche un abri dans le substrat infesté qui est souvent endommagé par les nombreuses galeries creusées, là elle reste immobile en stade de prénymphose. La véritable nymphose intervient environ 2 semaines plus tard et elle dure environ 10 jours.

De même que pour de nombreux insectes domicoles la durée totale du cycle de développement de Dermestes frischii dépend fortement de la température ambiante et de la nature du substrat nourricier des larves. Il est  d’environ 1 mois à 35 ° C. (sur du
poisson séché) mais peut durer jusqu’à 3 mois à 20° C et beaucoup plus longtemps (6 à 9 mois) en conditions défavorables.  
 
Le développement n’est pas possible si l’humidité relative est inférieure à 30%.
La longévité de l’adulte dépasse rarement 3 mois. Ce dernier fuit la lumière et a une forte tendance à se dissimuler dans ou sous le substratum.

Bien qu’une n’y ait qu’une seule génération annuelle, dans des conditions optimales de développement la population de cet insecte peut être exponentielle et multipliée par 30, chaque mois.

Matériaux infestés

  • Chitine

  • Collagène

  • Kératine

Dermestes frischii se nourrit exclusivement de matières, substances ou produits d’origine animale.

L’espèce est carnivore et nécrophage et consomme des insectes desséchés ou fragments d’animaux morts (naturalisés ou non), de la corne, des poils, des viandes et poissons séchés, des peaux animales et dérivés (fourrures, reliures, parchemins, cuirs) et même des fromages. Un simple cadavre de souris ou de rat peut être à l’origine d’une véritable infestation par le «dermeste destructeur de cuir ». Il  convient donc de tenir propre tous les locaux à risques.

Outre les dégâts alimentaires, aux divers matériaux, produits et substances précitées,  signalons que les larves sont susceptibles, lors de leurs recherches de sites de nymphoses, de tarauder et creuser des galeries et tunnels dans toutes sortes de matériaux (bois, liège, lambris, plâtre,…), elles peuvent donc être indirectement à l’origine d’importants dommages, autres qu’alimentaires.
Ajoutons que l’adulte peut, lui aussi, lors de sa sortie à la suite de la nymphose, occasionner des dommages similaires.

Il est utile de souligner ici que le développement de cette espèce est impossible dans un milieu strictement végétal.

Répartition géographique

Cette espèce est quasiment cosmopolite.