Dermestes haemorrhoidalis (Küster, 1852)

Synonyme(s) : 

Dermestes gulo Mulsant & Godart, 1855

Noms usuels

  • Dermeste africain du lard

Classification :

  • Ordre :  Coleoptera
  • Famille :  Dermestidae
  • Genre :  Dermestes
  • Espèce :  haemorrhoidalis

Indice de fréquence :

2
Posté par fabien le
Retour à la liste

Généralités

La plupart des espèces de Dermestidae d’intérêt économique sont cosmopolites, elles ont été transportées involontairement par l’homme, depuis plusieurs dizaines de siècles voire de millénaires.
Environ 34 espèces de Dermestidae (on en connaît 86 espèces en France) sont susceptibles d’infester nos musées, nos lieux patrimoniaux, nos entrepôts, nos maisons,… dès lors qu’elles y trouvent une nourriture appropriée. Le genre Dermestes renferme, à lui seul, en France, plus du quart des espèces de la famille et c’est celui, parmi les Dermestidae, qui compte le plus d’espèces domicoles, bien que celles-ci soient répandues aussi dans la nature.
Les Dermestes (littéralement « mangeurs de peau ») sont essentiellement carnivores et nécrophages et leur larves voraces (souvent cannibales) se nourrissent de dépouilles et restes d’animaux (os, plumes, poils, peaux, chaires, …) d’insectes desséchés, de pupes ou de nymphes (voir chapitre « Matériaux infestés »). Ces insectes, vifs et à la marche rapide, sont capables de repérer leur nourriture de très loin (plusieurs centaines de mètres).

Par son facies trapu, en ovale allongé et l’absence d’ocelle médian sur le front le genre Dermestes est facilement reconnaissable. Dix autres espèces de Dermestes font ici l’objet de fiches, il s’agit de D. ater, D. bicolor, D. carnivorus, D. frischii, D. lardarius, D. maculatus, D. murinus, D. mustelinus, D. peruvianus et D. undulatus. Le lecteur pourra se reporter à ces autres fiches descriptives pour plus d’informations, générales ou spécifiques, sur ces ravageurs.

Les Dermestes spp. sont fréquemment associés aux cadavres humains. En criminologie et en entomologie forensique, ils font partie de la cohorte des insectes (ils sont plusieurs dizaines) utilisés par la police scientifique. Cependant ces Dermestes spp. sont peu fiables pour l’estimation de l’intervalle post-mortem, car il peuvent être attirés sur un cadavre aussi bien quelques jours après la mort, que plusieurs mois après. Par contre les déjections larvaires se révèlent très utiles pour détecter la présence d’éventuels produits toxiques (drogues, poisons), du fait que ceux-ci sont rapidement dégradés dans le corps humain.

Dermestes haemorrhoidalis ou « Dermeste africain du lard » est commun dans nos villes et se rencontre dans nos habitations, surtout pendant les périodes chaudes, où, bon voilier, il s’y introduit, par les fenêtres ouvertes et autres entrées possibles, à la recherche de tout débris alimentaires que l’on retrouve sous les réfrigérateurs, buffets, placards … et même dans les canapés. Il est parfois présent dans les greniers ou les combles où il infeste alors les éventuels nids d’oiseaux (particulièrement ceux de pigeons) ou ceux d’hyménoptères ; et tout reste sec d’animal mort (rongeurs, insectes, araignées,…). On peut trouver cet insecte aussi dans les salles de bains peu entretenues, à la recherche de fragments secs de peau.

Le régime alimentaire plutôt nécrophage de l’adulte est identique à celui de la larve mais ce sont essentiellement les larves qui sont responsables de dégâts.

Dermestes haemorrhoidalis appartient (comme D. ater, D. bicolor, D. lardarius et D. peruvianus) au sous-genre Dermestes, dont les adultes sont caractérisés par la face ventrale de l’abdomen à pilosité fine et éparse, laissant voir ainsi la cuticule.

Critères de reconnaissance

Adulte

Taille

6,3 à 8,9 mm

Aspect    

Insecte plutôt trapu, en ovale allongé et légèrement bombé, 2,4 fois plus long que large.
Le pronotum représente environ ¼ de la longueur totale de l’imago, il recouvre partiellement la tête ; il est marqué de 2 dépressions (fossettes) à ses bords postérieurs.
Base du pronotum nettement rebordée.
Les élytres sont recouverts d’une dense pubescence de soies dressées, brun foncé à noire, et parsemés isolément de poils dorés.
Face ventrale de l’abdomen à pilosité fournie, particulièrement sur le bord postérieur des segments.
Le mâle se différencie aisément de la femelle par la présence, sur le 4ème sternite abdominal, d’une zone lisse et arrondie, ornementée d’une touffe de longs poils roux.

Coloration    

Ensemble du corps uniformément brun à rougeâtre, quelquefois très sombre à noir. Antennes brunes avec une massue rougeâtre.
En dessous, l’abdomen est brunâtre et recouvert de soies dorées.

Larve

Taille

Elle mesure de 12 à 14 mm de longueur en fin de développement.

Aspect    

Allongée étroite, régulièrement amincie d’avant en arrière.
Dessus et côtés du corps avec de longues soies brunes.
Face dorsale : les segments 3 à 10 portent un rang de gros tubercules bilobés. Présence, sur le dos du 9ème segment abdominal, de 2 protubérances pointues (appelées urogomphes) ; celles-ci sont très larges à leur base, dirigées vers l’arrière, leur extrémité est brusquement recourbée, presque à angle droit.

Coloration    

Brun sombre, soies brunes, membranes intersegmentaires claires.
Face ventrale avec une bande claire qui s’amincit brusquement au niveau des segments 7 et 8.
Note : Les caractères morphologiques ou de coloration, mentionnés ici ne sont utilisables qui si l’on a affaire à des larves âgées ; celles-ci, en général, de longueur égale ou supérieure à 12 mm.

Cycle de développement

La quantité d’œufs pondus par la femelle varie de 30 à 200 œufs (ou plus). Elle est en réalité très dépendante de la température, de l’humidité ambiante, de la qualité et de la quantité de nourriture et de la teneur en eau du substrat ; elle est de 30 œufs à 30°C et peut avoisiner 200 œufs, à 25°C avec une humidité relative de 80%.
Le développement (de l’œuf à l’adulte) de cette espèce peut s’effectuer normalement dans une fourchette de température allant de 20 à 30°C. Toutefois il est, avec une humidité relative constante de 80%, d’environ 100 jours à 20°C et de 38 jours à 30°C.

Ce développement est optimal à des températures se situant autour de 25°C avec une humidité relative comprise entre 60 à 80% ; il devient impossible en dessous de 15°C et au-delà de 32,5°C, quel que soit le substrat nourricier. En milieux défavorables, avec des conditions extrêmes d’alimentation, la durée de développement de D. haemorrhoidalis peut demander près d’un an.

Selon les conditions ambiantes, de 5 à 9 stades seront nécessaires au développement complet de la larve.  
Comme chez tous les Dermestes domicoles, la nymphose se déroule dans une petite cavité de quelques millimètres, creusée plus profondément dans le substrat. La mue imaginale se fait en général pendant les mois chauds. L’imago reste quelques jours dans sa nymphe avant de s’envoler vers l’extérieur.

La longévité moyenne de l’imago est d’environ 3 mois à 30°C, près de 5 mois  à 25°C et plus de 10 mois à 17,5°C.
On constate donc que des températures plutôt basses favorisent la longévité des adultes, à l’inverse la durée du développement larvaire diminue (dans une fourchette de 15°C à 32,5°C) avec l’accroissement de celles-ci.

Il semble qu’il puisse y avoir 2 à 3 générations par an. Dans la nature, l’adulte hiverne.

Matériaux infestés

  • Chitine

  • Collagène

  • Kératine

Le régime alimentaire du Dermeste africain du lard étant essentiellement nécrophage, l’adulte et sa larve infestent plus particulièrement tout substrat composé de dépouilles animales et dérivés, ainsi que leurs plumes, poils, ou cornes.
Cette espèce se nourrit également de tout débris alimentaire que l’on peut retrouver dans les cuisines et autres pièces de nos habitations (miettes, minuscules restes d’aliments,…). Elle est à redouter dans les bibliothèques d’ouvrages anciens et tous lieux où se trouvent des collections d’animaux naturalisés. Ses dommages sont aussi possibles dans les usines, les entrepôts et les magasins d’alimentation, particulièrement s’ils recèlent des aliments carnés ou des poissons séchés.

Dermestes haemorrhoidalis peut, comme d’autres dermestes, se développer en nombre aux dépens d’un simple cadavre d’oiseau, de souris ou de rat, d’un nid de guêpes,…. Aussi, il est vivement conseillé de tenir propres les locaux à risques.

Outre les dégâts dus à son alimentation la larve de Dermestes haemorrhoidalis, peut, lors de sa recherche d’un abri de nymphose, perforer le substratum nourricier mais il lui arrive fréquemment de forer ou transpercer  toutes sortes de matériaux, y compris du bois, des tuyaux (même en en plomb), des isolants, … amplifiant ainsi, de façon considérable, sa nuisibilité. Ajoutons que l’adulte peut, lui aussi, lors de sa sortie à la suite de la nymphose, occasionner des dommages similaires.

Répartition géographique

Cette espèce est presque cosmopolite, elle est fréquente dans plusieurs pays d’Europe particulièrement au sud, ainsi qu’en Afrique et en Amérique du sud.