Dermestes lardarius Linnaeus, 1758

Synonyme(s) : 

Dermestes luganensis Stierlin, 1902

Noms usuels

  • Dermeste du lard
  • Larder beetle Bacon beetle
  • Dermeste del tocino
  • Gemeiner speckkäfer

Classification :

  • Ordre :  Coleoptera
  • Famille :  Dermestidae
  • Genre :  Dermestes
  • Espèce :  lardarius

Indice de fréquence :

3
Posté par fabien le
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Généralités

La plupart des espèces de Dermestidae d’intérêt économique sont cosmopolites, elles ont été transportées involontairement par l’homme, depuis plusieurs dizaines de siècles voire de millénaires.

Environ 34 espèces de Dermestidae (on en connaît 86 espèces en France) sont susceptibles d’infester nos musées, nos lieux patrimoniaux, nos entrepôts, nos maisons,… dès lors qu’elles y trouvent une nourriture appropriée.  Le genre Dermestes renferme, à lui seul, en France, près du quart des espèces de la famille et c’est celui, parmi les Dermestidae, qui compte le plus d’espèces domicoles, bien que celles-ci soient répandues aussi dans la nature.

Les Dermestes (littéralement « mangeurs de peau ») sont essentiellement carnivores et nécrophages et leur larves voraces (souvent cannibales) se nourrissent de dépouilles et restes d’animaux (os, plumes, poils, peaux, chairs, …) d’insectes desséchés, de pupes ou de nymphes.
Ces insectes vifs et à la marche rapide, sont capables de repérer leur nourriture de très loin (plusieurs centaines de mètres).


Par son facies trapu, en ovale allongé et l’absence d’ocelle médian sur le front le genre Dermestes est facilement reconnaissable.
Dix autres espèces de Dermestes font ici l’objet de fiches, il s’agit de D. ater, D. bicolor, D. carnivorus, D. frischii, D. haemorrhoidalis, D. maculatus, D. murinus, D. mustelinus, D. peruvianus et D. undulatus.
Le lecteur pourra se reporter à ces autres fiches descriptives pour plus d’informations, générales ou spécifiques, sur ces ravageur.


Les Dermestes spp. sont fréquemment associés aux cadavres humains. En criminologie et en entomologie forensique, ils font partie de la cohorte des insectes (ils sont plusieurs dizaines) utilisés par la police scientifique.
Cependant ces Dermestes spp. sont peu fiables pour l’estimation de l’intervalle post-mortem, car il peuvent être attirés sur un cadavre aussi bien quelques jours après la mort, que plusieurs mois après.
Par contre les déjections larvaires se révèlent très utiles pour détecter la présence d’éventuels produits toxiques (drogues, poisons), du fait que ceux-ci sont rapidement dégradés dans le corps humain.

Le « Dermeste du lard » est un hôte redouté dans les musées et les bibliothèques d’ouvrages anciens, il recherche préférentiellement les peaux et les cuirs mais se montre aussi particulièrement nuisible aux collections zoologiques (insectes, animaux naturalisés).


Son régime nécrophage ne l’empêche pas toutefois de se développer sur certains substrats végétaux.
Jadis, cette espèce était très fréquente dans le milieu rural mais l’évolution considérable de la conservation des produits alimentaires a fait qu’elle est devenue moins commune.
Dans nos maisons, entrepôts, usines, lieux patrimoniaux, … ce dermeste peut vivre aux dépens de divers produits et matières (voir chapitre « Matériaux infestés »). Le « dermeste du lard » (comme plusieurs autres Dermestidae) est un indicateur précieux pour la police scientifique, en entomologie médico-légale ou forensique, car sa présence sur un cadavre peut donner des informations chronologiques importantes pour dater la mort.

Dermestes lardarius appartient (comme D. ater, D. bicolor, D. haemorrhoidalis et D. peruvianus) au sous-genre Dermestes, dont les adultes sont caractérisés par la face ventrale de l’abdomen à pilosité fine et éparse laissant voir ainsi la cuticule foncée.

Critères de reconnaissance

Adulte

Taille

7 à 9,5 mm

Aspect    

Insecte trapu, ovoïde et allongé.
Le corps est environ 2,3 fois plus long que large. Le pronotum, plutôt massif représente environ 1/3 de la longueur des élytres.
Les antennes sont courtes, de 11 segments, les 3 derniers sont élargis et forment une massue compacte.
Prothorax orné de petites taches claires irrégulières et plus ou moins disposées en cercles.
Le male se différencie de la femelle par la présence d’une touffe de poils roux située au milieu des 3 ème et du 4ème sternites abdominal.


Coloration    

Moitié antérieure des élytres avec une dense pilosité couchée de couleur gris-dorée et au milieu 3 taches noires plus ou moins arrondies et parfois plus ou moins réunies.
Moitié postérieure des élytres entièrement noirâtre.
Sternites abdominaux entièrement brun-noirâtre avec quelques poils jaunâtre-roux sur le bord postérieur de chaque segment.

Larve

Taille

Elle mesure de 12 à 15 mm à la fin de son développement.

Aspect    

Allongée, étroite mais trapue, régulièrement amincie d’avant en arrière. Cuticule dure et coriace.
Corps hérissé de poils brun-roux certains sont courts et d’autres (moins nombreux) bien plus longs. Ces poils sont beaucoup plus denses, et approximativement de même longueur,  sur le bord postérieur des derniers segments abdominaux que sur les premiers.
Présence sur le 9ème segment abdominal de 2 fortes pointes (nommées urogomphes) ; celles-ci sont nettement recourbées vers l’arrière.

Coloration    

Dessus uniformément brun-roux à brun foncé, sans taches claires sur la ligne médiane. Pilosité brunâtre.
Note : Les caractères morphologiques ou de coloration, mentionnés ici ne sont utilisables qui si l’on a affaire à des larves âgées (en général de longueur égale ou supérieure à 12 mm).

Cycle de développement

Dans la nature D. lardarius hiverne au stade adulte, il est commun, en particulier en été où il infeste plus particulièrement les nids d’oiseaux (pigeons,…), de chenilles processionnaires, de guêpes et les ruches.

Dans le midi (Corse,…) on peut voir ses larves agiles se déplacer sur l’écorce des arbres, en particulier les chênes-lièges, où elles se nourrissent de tout débris animal (reste de chrysalides, papillons morts …). La larve du « dermeste du lard » est beaucoup moins sédentaire que celles des espèces voisines et se déplace activement.

Le cycle de développement du « dermeste du lard » varie beaucoup selon le milieu où il vit, la nourriture et les conditions de température et d’humidité relative. Dans la nature le cycle est plus long qu’à l’intérieur des locaux où il demande de 6 à 8 semaines dans des conditions optimales : de 20 à 22° C  avec 65% d’humidité relative.

La fécondité est elle aussi conditionnée par les conditions ambiantes, elle est de 150 à 200 œufs, et ne se réalise pas en dessous de 15° C et au-dessus de 30° C ; par contre elle est optimale lorsque le substrat est très riche en nourriture et surtout en eau. Un repas riche en protéine conditionne la ponte. Les œufs sont blancs, mesurent environ 1,8 mm et ont la forme d’une banane.

La femelle dépose ses œufs par groupe de 2 à 8 dans les anfractuosités du substrat infesté ou à proximité, cette ponte peut s’étaler sur une période de plusieurs mois (jusqu’à 5 à 6). L’incubation dure une douzaine de jours.
La larve s’alimente immédiatement après sa naissance et après plusieurs mues (6 à 9 selon les conditions ambiantes) elle creusera une petite cavité dans un substrat pour se mettre à l’abri (rappelons que les Dermestes sont cannibales) et là, elle effectuera sa nymphose.
L’adulte est formé au bout de 9 à 12 jours, puis il quitte sa logette pour prendre son envol.

Dans des conditions optimales l’imago de Dermestes lardarius peut vivre jusqu’à 1 an.
Lors de fortes infestations larvaires les poils des larves ou des exuvies (ils tombent et se cassent facilement)  peuvent être à l’origine d’irritations ou de réactions allergiques chez des personnes sensibles.

Matériaux infestés

  • Chitine

  • Collagène

  • Kératine

Dermestes lardarius peut être responsable d’importants dégâts dans les entrepôts de viande et de poissons séchés (jambons, saucisses et dérivés). Les peaux, la laine animale et ses dérivés, les plumes, tout cadavre ou reste d’insecte et d’animal mort, les cocons de ver à soie, la cire d’abeille le fromage et les fruits secs font aussi partie de son régime alimentaire.

Cet espèce peut endommager gravement les collections entomologiques et zoologiques des musées. Dermestes lardarius est fréquent  dans les poulaillers où il peut même  s’attaquer aux très jeunes poussins. Rappelons que cette espèce était autrefois très fréquente dans le milieu rural mais l’évolution considérable de la conservation des produits alimentaires a fait qu’elle est devenue moins commune.

Outre les dégâts dus à son alimentation la larve du « dermeste du lard », peut, lors de sa recherche d’un abri de nymphose, perforer le substratum nourricier mais il lui arrive fréquemment de forer ou transpercer  toutes sortes de matériaux, y compris du bois, des tuyaux (même en en plomb), des isolants, …. amplifiant ainsi de façon considérable sa nuisibilité.

Ajoutons que l’adulte peut, lui aussi, lors de sa sortie, à la suite de la nymphose, occasionner des dommages similaires.
Dermestes lardarius, comme d’autres dermestes peut se développer en nombre aux dépens d’un simple cadavre de souris ou de rat, d’un nid de guêpes,….aussi il convient de tenir propres les locaux à risques.

Répartition géographique

Espèce sans doute originaire d’Eurasie, commune en Europe de l’Ouest, se retrouve jusqu’en Sibérie.
Devenue cosmopolite à la faveur des échanges commerciaux.