Dermestes peruvianus (Laporte de Castelnau, 1840)

Synonyme(s) : 

  • Dermestes angustus Casey, 1900 
  • Dermestes angustatus Schaeffer, 1931

Noms usuels

  • Dermeste péruvien
  • Peruvian larder beetle
  • Peruvianischer speckkäfer

Classification :

  • Ordre :  Coleoptera
  • Famille :  Dermestidae
  • Genre :  Dermestes
  • Espèce :  peruvianus

Indice de fréquence :

3
Posté par fabien le
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Généralités

La plupart des espèces de Dermestidae d’intérêt économique sont maintenant cosmopolites, elles ont été transportées involontairement par l’homme, depuis plusieurs dizaines de siècles voire de millénaires.
 
Environ 34 espèces de Dermestidae (on en connaît 86 espèces en France) sont susceptibles d’infester nos musées, nos lieux patrimoniaux, nos entrepôts, nos maisons,… dès lors qu’elles y trouvent une nourriture appropriée. Le genre Dermestes renferme, à lui seul, en France, plus du quart des espèces de la famille et c’est celui, parmi les Dermestidae, qui compte le plus d’espèces domicoles, bien que celles-ci soient répandues aussi dans la nature.


Les Dermestes (littéralement « mangeurs de peau ») sont essentiellement carnivores et nécrophages et leur larves voraces (souvent cannibales) se nourrissent de dépouilles et restes d’animaux (os, plumes, poils, peaux, chaires, …) d’insectes desséchés, de pupes ou de nymphes. Ces insectes, vifs et à la marche rapide, sont capables de repérer leur nourriture de très loin (plusieurs centaines de mètres).


Par son facies trapu, en ovale allongé et l’absence d’ocelle médian sur le front le genre Dermestes est facilement reconnaissable. Dix autres espèces de Dermestes font ici l’objet de fiches, il s’agit de D. ater, D. bicolor, D. carnivorus, D. frischii, D. haemorrhoidalis, D. lardarius, D. maculatus, D. murinus, D. mustelinus et D. undulatus. Le lecteur pourra se reporter à ces autres fiches descriptives pour plus d’informations, générales ou spécifiques, sur ces ravageurs.


Les Dermestes spp. sont fréquemment associés aux cadavres humains. En criminologie et en entomologie forensique, ils font partie de la cohorte des insectes (ils sont plusieurs dizaines) utilisés par la police scientifique. Cependant ces Dermestes spp. sont peu fiables pour l’estimation de l’intervalle post-mortem, car il peuvent être attirés sur un cadavre aussi bien quelques jours après la mort, que plusieurs mois après. Par contre les déjections larvaires se révèlent très utiles pour détecter la présence d’éventuels produits toxiques (drogues, poisons), du fait que ceux-ci sont rapidement dégradés dans le corps humain.


Le « Dermeste péruvien » peut présenter un danger pour certains musées et bibliothèques d’ouvrages anciens, il recherche préférentiellement les peaux et les cuirs mais se nourrit aussi aux dépens d’animaux naturalisés (insectes, oiseaux, mammifères,…). C’est également un fléau pour l’industrie du poisson séché et il est particulièrement commun dans certains pays de régions chaudes du globe (Asie, Amérique du Sud).


Au Pérou ce dermeste a été trouvé dans des tombes datant du premier millénaire avant Jésus Christ.


Dermestes peruvianus appartient (comme D. ater, D. bicolor, D. haemorrhoidalis et D. lardarius) au sous-genre Dermestes, dont les adultes sont caractérisés par la face ventrale de l’abdomen à pilosité fine et éparse laissant voir ainsi la cuticule.

 

Critères de reconnaissance

Adulte

Taille

7 à 10 mm

Aspect    

Forme ovale et allongée, 2,2 fois plus longue que large.
Le pronotum, qui recouvre une partie de la tête, représente environ ¼ de la longueur totale du corps.
Base du pronotum finement rebordé.
La tête est pourvue de soies courtes et foncées, entremêlées de poils argentées ou dorés.
Les antennes sont courtes, de 11 articles, les 3 derniers forment une massue compacte.
La pilosité élytrale ne dépasse pas les bords apicaux latéraux des élytres.
Le mâle se différencie aisément de la femelle par la présence d’une petite touffe de poils roux au milieu du 4ème sternite abdominal.

Coloration    

Brun à rougeâtre très sombre.
Elytres d’aspect luisant, à coloration foncière uniforme, brun très foncé à noir. Ils sont revêtus d’une pubescence jaune pâle.
La face ventrale de l’abdomen est brun jaunâtre avec une fine pubescence de soies blondes.

 

Larve


Taille

Elle mesure de 14 à 17 mm en fin de développement

Aspect    

Allongée, régulièrement amincie d’avant en arrière.
Présence sur le 9ème segment abdominal, de 2 fortes protubérances pointues (appelées urogomphes). Celles-ci diminuent graduellement d'épaisseur de la base à leur sommet. Les urogomphes sont orientés vers l’arrière leur  pointe est dirigée vers le bas.
Les longs poils situés sur le côté ventral du dernier segment abdominal sont à peine  plus longs qu'un segment du corps.
Face ventrale, la bande médiane claire est : sur le 6ème sternite est plus large que la longueur du segment correspondant, sur le 7ème elle est aussi large  et sur le 8ème elle est un peu plus étroite.

Coloration    

Brun clair.

Cycle de développement

La quantité d’œufs pondus par la femelle varie de 75 à 250 œufs et peut aller jusqu’à 600 œufs. Elle est en réalité très dépendante de la température, de l’humidité ambiante, de la qualité et de la quantité de nourriture et de la teneur en eau du substrat ; elle est par exemple de 75 œufs à 20°C avec 65% d’humidité relative et peut avoisiner 200 œufs, à 25° avec une humidité relative de 80%.
Le développement (de l’œuf à l’adulte) de cette espèce, peut s’effectuer normalement dans une fourchette de température allant de 15 à 30°C.

Toutefois il est, avec une humidité relative constante de 80%, d’environ 300 jours à 15°C et de 60 jours à 25°C. Ce développement est optimal à des températures se situant autour de 25°C avec une humidité relative comprise entre 60 à 80% ; il devient impossible en dessous de 15°C et au-delà de30°C, quel que soit le substrat nourricier. En milieux défavorables, avec des conditions extrêmes d’alimentation, la durée de développement de D. peruvianus peut demander près d’un an.


Selon les conditions ambiantes, de 5 à 7 stades seront nécessaires au développement complet de la larve.
Comme chez tous les Dermestes domicoles, la nymphose se déroule dans une petite cavité de quelques millimètres, creusée plus profondément dans le substrat. La mue imaginale se fait en général pendant les mois chauds. L’imago reste quelques jours dans sa nymphe avant de s’envoler vers l’extérieur.


La longévité moyenne de l’imago est d’environ 300 jours à 20°, et de 90 jours à 25°.
On constate donc que des températures plutôt basses favorisent la longévité des adultes, à l’inverse la durée du développement larvaire diminue (dans une fourchette de 15°C à 30°C) avec l’accroissement des températures.


En France, dans la nature, il y a au moins une génération annuelle, dans les locaux 2 à 3 générations sont possibles.
A l’extérieur Dermestes peruvianus hiverne à l’état adulte.

Matériaux infestés

  • Chitine

  • Fibres textiles vegetales

  • Kératine

Le « dermeste péruvien » se nourrit principalement de toutes matières organiques desséchées d’origine animale : viandes, poissons, insectes,…; il recherche particulièrement les peaux non tannées.
Ses dégâts sont possibles dans les usines, les entrepôts et les magasins d’alimentation, notamment s’ils recèlent des aliments carnés ou des poissons séchés.
Dans les lieux patrimoniaux et particulièrement les musées d’histoire naturelle ou d’ethnographie, il (surtout sa larve) peut se nourrir de peaux et d’animaux naturalisés (mammifères, oiseaux, éventuellement gros insectes,…).
Bien que préférant une nourriture d’origine animale, c’est celle qui lui assure un développement optimal, Dermestes peruvianus peut se développer partiellement dans un milieu exclusivement végétal (germes de céréales).
                                                                                                                                  
Le « dermeste péruvien » peut, comme d’autres dermestes, se développer en nombre aux dépens d’un simple cadavre d’oiseau, de souris ou de rat, d’un nid de guêpes,…. Aussi, il est vivement conseillé de tenir propres les locaux à risques.
 
Outre les dégâts dus à son alimentation, la larve de Dermestes peruvianus peut, lors de sa recherche d’un abri de nymphose, perforer le substratum nourricier mais il lui arrive fréquemment de forer ou transpercer  toutes sortes de matériaux, y compris du bois, des tuyaux (même en en plomb), des isolants, …. amplifiant ainsi, de façon considérable, sa nuisibilité. Ajoutons que l’adulte peut, lui aussi, lors de sa sortie à la suite de la nymphose, occasionner des dommages similaires.
 
Dermestes peruvianus, a, bien plus que les autres espèces de Dermestes domicoles, une forte tendance au cannibalisme ; en cas de besoin, il se nourrit d’œufs, de larves ou de nymphes de ses congénères.

Répartition géographique

Originaire d’Amérique centrale ou méridionale, cette espèce est maintenant, presque cosmopolite, suite à des introductions successives consécutives à l’important développement du commerce international. Elle est absente du continent australien ; on pense que son introduction en Europe et en Amérique du nord est plutôt récente.