Psyllipsocus ramburii Sélys-Longchamp, 1872

Synonyme(s) : 

Noms usuels

  • Poux des livres ; Poux des poussières (*)
  • Booklouse ; Booklice ; Barklice ; Paper lice

Classification :

  • Ordre :  Psocoptera
  • Famille :  Psyllipsocidae
  • Genre :  Psyllipsocus
  • Espèce :  ramburi

Indice de fréquence :

4
Posté par fabien le
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Généralités

(*) La plupart des psoques domicoles ne possèdent pas de noms vernaculaires avérés et sont appelés communément, quelles que soient  les espèces, « poux des livres » ou « poux des poussières».                                   (**)  Pour des informations plus générales sur ces insectes reportez-vous à la fiche de présentation « Les Psoques (Psocoptera) » où figurent, entre autre, une clé d’identification des genres et des espèces faisant l’objet de nos fiches spécifiques, ainsi que des recommandations pour la lutte.   Les Psoques (nom dérivé du verbe grecque « psochein » qui veut dire broyer, émietter)  vivent « in natura » principalement dans la végétation arbustive ou basse, les litières végétales, mais aussi, pour certaines espèces dans les nids d’oiseaux, d’insectes ou de mammifères, plus rarement sous les pierres ou encore dans les grottes sur le guano. Ces insectes sont omnivores et se nourrissent principalement de moisissures, d’algues et de champignons (levures,…) qui se développent sur divers substrats, ces derniers le plus souvent d’origine végétale.
Notons toutefois que Psyllipsocus ramburii,  bien que domicole est une espèce qui, dans la nature, affectionne particulièrement les grottes.
En général, les psoques, ne sont pas très vifs dans leur déplacement, à l’exception justement de quelques espèces domicoles dont Psyllipsocus ramburii  qui coure avec agilité et rapidité grâce à ses pattes longues et grêles et qui peut également voler, au moins sa forme macroptère. P. ramburii est très polymorphe, on connait des formes macro-, brachy- et microptères. Le polymorphisme alaire dépend essentiellement de la densité de population ; la forme brachyptère apparait lors d’une surpopulation (effet de groupe).   Psyllipsocus ramburii est la seule espèce européenne du genre, elle appartient à la famille des Psyllipsocidae dont les représentants possèdent en commun les caractères suivants :
                - Antennes composées de plus de 20 articles.                 - Marge de l’aile antérieure (la seule présente chez la forme brachyptère) longuement velue.                 - Pattes postérieures longues dépassant l‘abdomen.                 - Tarses trimères (c’est-à-dire formés de 3 articles).   La plupart des psoques domicoles ont été transportés involontairement par l’homme de sorte qu’ils sont devenus quasiment cosmopolites, c’est sans doute le cas de P. ramburii dont on ne connaît pas précisément la patrie d’origine.     Comme il est de règle pour beaucoup d’espèces des denrées, les conditions ambiantes (température et humidité) et la qualité de la nourriture conditionnent considérablement la vitesse de développement des psoques ; la durée du cycle de vie peut ainsi aller de 1 à plusieurs mois. Les Psocoptères sont des paurométaboles, c’est-à-dire que les larves et les adultes vivent dans les mêmes milieux.

 

Critères de reconnaissance

Adulte

Taille


Longueur du corps de 1 à 1,5 mm, longueur de l’aile antérieure de la forme macroptère : 2,1 à 2,5 mm.


Aspect


Insecte allongé et élancé à pattes longues, particulièrement les tibias postérieurs. Tête très mobile, volumineuse bien plus large que le thorax, clypéus proéminent, palpes maxillaires longs le 4ème article tronqué au sommet. . Antennes de plus de 20 articles. Abdomen parfaitement ovoïde  sa plus grande largeur vers le milieu. Ailes formes macroptères et brachyptère larges avec l’apex arrondi. Tarses trimères. Imagos à téguments mous.


Coloration


Forme macroptère : corps et pattes entièrement brun-clair grisâtre, l’apex de l’abdomen plus foncé. Aile hyalines à nervures brunes.
Formes brachyptère et microptère : coloration plus claire jaune grisâtre à presque blanchâtre chez certains individus microptères. Aile, de la forme brachyptère, hyalines à nervures brunes.
Parmi les psoques domicoles faisant ici l’objet de fiches seuls les Dorypteryx appartiennent comme les Psyllipsocus à la famille des Psyllipsocidae. Ces 2 genres bien que proches pourront aisément se différencier à partir du tableau ci-dessous.
• Aile antérieure longuement velue, étroite, à apex « pointu.Abdomen avec des bandes transversales orangées à brun-rouge.....................................................................................................................................................genre Dorypteryx (D. domestica et D. longipennis)
•• Aile antérieure pratiquement glabre, large, à apex arrondi. Abdomen à coloration uniforme ...................genre Psyllipsocus

 

Larve

Taille


Très petite inférieure au mm, elle varie en fonction du stade larvaire. Téguments mous.


Aspect


Les Psocoptères sont des insectes hémimétaboles c’est-à-dire qu’il n‘y a pas de métamorphoses, de fait, les larves ressemblent aux adultes (adultes miniaturisés, sans ailes, sans organes génitaux,…) la croissance se fait de façon graduelle lors de chaque changement de stade larvaire. 
Ressemblent à l ‘adulte mais absence des ailes et des organes génitaux.


Coloration


Moins colorées que les adultes.
Note : l’identification des œufs des principaux genres et espèces de psoques domicoles (dont Psyllipsocus ramburii) est possible grâce au travail de Z. KUCEROA «Stored product psocids (Psocoptera): External morphology of eggs » PDF en open access sur Internet à l’adresse suivante : www.eje.cz/pdfs/eje/2002/04/17.pdf

 

Cycle de développement

Psyllipsocus ramburii est strictement parthénogénétique ; on ne connaît qu’un seul mâle. Curieusement cette espèce n’a fait l’objet que d’une seule étude biologique, celle de Badonnel, publiée en 1938 ! Les éléments biologiques ou éthologiques mentionnés ci-dessous et obtenus d’élevage, sont empruntés à cet auteur. Comme il est de règle chez beaucoup d’insectes domicoles qui sont polyphages, en particulier les psoques, le développement, et la dynamique des populations (fécondité, nombre de générations,…) de P. ramburii sont  étroitement dépendant du milieu dans lequel il vit.  Contrairement à beaucoup d’autres insectes des denrées les psoques ont impérativement besoin, pour se développer, d’une atmosphère humide : humidité relative (H.R.) égale ou supérieure à 60%.
Ce sont des insectes grandement hygrophiles et c’est particulièrement le cas de Psyllipsocus ramburi comme l’a bien montré Badonnel (loc. cit). En effet, ces insectes ont un tégument mou et de faible épaisseur et sont par conséquent  très sensibles à la déshydratation, mais ils sont capables grâce à un organe particulier situé sous le labium d’absorber de façon active la vapeur d’eau atmosphérique (ce qui est rare chez les insectes à l’exception des Mallophages (poux des oiseaux et de certains mammifères)).   La femelle de P. ramburii accepte, en élevage, une alimentation très variée, l’espèce est polyphage mais son régime normal doit impérativement être constitué au moins de moisissures qui peuvent elles-mêmes se développer sur des substrats les plus divers, d’origines végétale ou animale, voire d’origine industrielle (carton, plâtre,…). Les œufs sont déposés isolément dans des anfractuosités ou des fissures des substrats, à raison de 1 à 5 tous les 1 ou 2 jours. Ils sont blancs ellipsoïdaux (cf. www.eje.cz/pdfs/eje/2002/04/17.pdf).
Badonnel a observé une femelle qui a pondu au total  21 œufs pondus sur une période de 20 jours. On peut penser que dans des conditions optimales, la ponte doit être 2 à 3 fois supérieure à celle mentionnée précédemment c’est-à-dire de l’ordre de 40 à 60 œufs, ce qui, en moyenne, a été observé chez d’autres espèces de psoques domicole (Liposcelis decolor par exemple). D’après Badonnel, les formes brachyptères (et probablement les macroptères) auraient 6 stades larvaires tandis que les microptères n’en n’auraient que 5.      En condition d’élevage la longévité des femelles est de l’ordre d’1 mois. La période d’incubation est de 18 à 19 jours à 20-21°C et de 14 à 15 jours à 25-26°C et il est fort probable qu’elle soit sensiblement plus courte à des températures plus élevées par exemple aux alentours de 30°C. La durée totale du développement, depuis le dépôt de l’œuf jusqu’à l’apparition de l’adulte est de 68 jours à 20-21°C. et de 51 jours à 25-26°C. Là encore il est probable, sinon certain, que cette durée doit être notablement raccourcie à des températures plus élevées, de l’ordre de 30° par exemple. Le taux d’Humidité Relative est aussi un facteur essentiel qui conditionne la durée du développement.       (*) BADONNEL A., 1938.- Sur la biologie de Psyllipscocus ramburi Sélys-Longchamp (Psocoptera). – Bulletin de la Société entomologique de France, 43 : 153-158.

 

Matériaux infestés

  • Amidon

  • Chitine

  • Collagène

  • Épices, végétaux, herbiers

  • Kératine

  • Papier

  • Tous materiaux humides

Les adultes et les larves des psoques sont pourvus de mandibules très développées ce qui leur permet de brouter, broyer et d’émietter leurs aliments. Ces insectes infestent, gâtent et souillent toutes sortes de denrées et de produits d’origines animale ou végétale qu’ils soient manufacturés ou non, particulièrement si ces derniers sont contaminés par des moisissures, des bactéries, des algues ou des champignons. Les psoques domicoles recherchent particulièrement les endroits humides et chauds. Ce sont des insectes discrets qui vivent en groupe et fuient la lumière. Ils peuvent aisément passer inaperçus en raison de leur petite taille et de leur  pâle coloration, de fait, lorsque l’on décèle leur présence, les populations sont hélas souvent bien établies et  très importantes. Si les conditions ambiantes sont favorables ils peuvent se multiplier de façon prodigieuse grâce à leur reproduction parthénogénétique et causer toutes sortes de nuisances, leurs ravages sont parfois considérables et irrémédiables :
 
                - Ils peuvent brouter, souiller et être à l’origine de contaminations microbiologiques de nos produits alimentaires (farines, riz, biscuits, fromages, nourriture pour animaux, plantes médicinales,…).
              
                - Ils peuvent détériorer des collections d’insectes, des animaux naturalisés, des  herbiers et des mycothèques.
 
                - Ils peuvent dégrader les vieux livres de collections et les archives (en s’attaquant en particulier à la colle de reliure),  les tapisseries, les boiseries, le cuir et le plâtre et beaucoup d’autres matériaux et d’objets muséographiques.
 
                - ils peuvent être à l’origine d’allergies inhalatoires et sont responsables (avec les acariens) de l’effet allergénique de ce que l’on appelle les poussières des maisons. En outre  ils peuvent éventuellement être responsables de dermatoses. 
              
                Les psoques domicoles peuvent occasionnellement se nourrir  des œufs d’autres insectes domicoles comme par exemple ceux des papillons du genre Ephestia, par ailleurs des cas de cannibalismes sont connus, en particulier à l’égard de leurs œufs.
 
                 Dans la nature Psyllipsocus ramburii est fréquemment trogloxène. En présence de l’homme elle est susceptible de se développer dans toutes sortes de lieux (entrepôts alimentaires, magasins, caves, cuisines et salles de bains chez les particuliers,  les musées, les bibliothèques et salles d’archives, certaines usines,….) là où il règne une humidité élevée et des températures comprises entre 20 et  35°C. 

Répartition géographique

Psyllipsocus ramburii a une répartition quasi cosmopolite.