Dermestes maculatus De Geer, 1774 

Synonyme(s) : 

  • Dermestes marginatus Thunberg, 1781 
  • Dermestes vulpinus Fabricius, 1791 
  • Dermestes australis Dejean, 1821 
  • Dermestes elongatus Hope, 1834 
  • Dermestes truncatus Casey 1916

Noms usuels

  • Dermeste des peaux
  • Hide beetle, Leather beetle
  • Dermeste zorruno

Classification :

  • Ordre :  Coleoptera
  • Famille :  Dermestidae
  • Genre :  Dermestes
  • Espèce :  maculatus

Indice de fréquence :

5
Posté par fabien le
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Généralités

La plupart des espèces de Dermestidae d’intérêt économique sont cosmopolites, elles ont été transportées involontairement par l’homme, depuis plusieurs dizaines de siècles voire de millénaires.

Environ 34 espèces de Dermestidae (on en connaît 86 espèces en France) sont susceptibles d’infester nos musées, nos lieux patrimoniaux, nos entrepôts, nos maisons,… dès lors qu’elles y trouvent une nourriture appropriée. Le genre Dermestes renferme, à lui seul, en France, près du quart des espèces de la famille et c’est celui, parmi les Dermestidae, qui compte le plus d’espèces domicoles, bien que celles-ci soient répandues aussi dans la nature.

Les Dermestes (littéralement « mangeurs de peau ») sont essentiellement carnivores et nécrophages et leur larves voraces (souvent cannibales) se nourrissent de dépouilles et restes d’animaux (os, plumes, poils, peaux, chairs, …) d’insectes desséchés, de pupes ou de nymphes.
Ces insectes vifs et à la marche rapide, sont capables de repérer leur nourriture de très loin (plusieurs centaines de mètres).

Par son facies trapu, en ovale allongé et l’absence d’ocelle médian sur le front le genre Dermestes est facilement reconnaissable.
Dix autres espèces de Dermestes font ici l’objet de fiches, il s’agit de D. ater, D. bicolor, D. carnivorus, D. frischii, D. haemorrhoidalis, D. maculatus, D. murinus, D. mustelinus, D. peruvianus et D. undulatus.
Le lecteur pourra se reporter à ces autres fiches descriptives pour plus d’informations, générales ou spécifiques, sur ces ravageurs.

Les Dermestes spp. sont fréquemment associés aux cadavres humains. En criminologie et en entomologie forensique, ils font partie de la cohorte des insectes (ils sont plusieurs dizaines) utilisés par la police scientifique.
Cependant ces Dermestes spp. sont peu fiables pour l’estimation de l’intervalle post-mortem, car il peuvent être attirés sur un cadavre aussi bien quelques jours après la mort, que plusieurs mois après.
Par contre les déjections larvaires se révèlent très utiles pour détecter la présence d’éventuels produits toxiques (drogues, poisons), du fait que ceux-ci sont rapidement dégradés dans le corps humain.

Le « Dermeste des peaux » est préférentiellement  un nécrophage, tout comme la quasi-totalité des espèces du genre Dermestes. Il est particulièrement redouté dans les collections entomologiques et zoologiques pour les dommages importants qu’il peut commettre, entre autre dans les boîtes d’insectes et aux animaux naturalisés. Cet insecte est un aussi un destructeur majeur des stocks de poissons et de viandes séchées  mais c’est surtout sa larve qui commet les dégâts les plus considérables. Il peut être également un précieux collaborateur pour certains musées d’histoire naturelle où il est parfois utilisé comme un « nettoyeur » des squelettes d’animaux qui seront ensuite exposés dans les salles.

Le dermeste des peaux a été trouvé (avec d’autres espèces de Dermestidae) dans des tombes égyptiennes datant du 3ème millénaire av. JC.

Dermestes maculatus appartient (comme D. carnivorus, D. frischii, D. murinus, D. mustelinus et D. undulatus) au sous-genre Dermestinus, dont les adultes sont caractérisés par la dense pilosité (crayeuse, blanchâtre, orangée ou brun jaunâtre) de la face ventrale de l’abdomen, qui masque la cuticule.

Critères de reconnaissance

Adulte

Taille    

6 à 10 mm.

Aspect    

Insecte trapu, ovoïde et allongé.
Le pronotum est massif et représente 1/3 de la longueur des élytres.
Le corps est environ 2,4 fois plus long que large et recouvert de soies jaunâtres, couchées. 
Sur les côtés du thorax les soies sont denses et épaisses et forment une large bande dorée.
Cette pubescence se retrouve sur le dessus de la tête et sur l’écusson.
Les antennes sont courtes, de 11 articles, les 3 derniers sont élargis et forment une massue compacte.
Espèce caractérisée par la présence d’une petite dent à l’extrémité  de la marge suturale de chaque élytre.
Le mâle se différencie de la femelle par la présence, au milieu du 4ème sternite abdominal, d’une zone roussâtre portant au en son centre une touffe de longs poils brun-roux.

Coloration    

La face dorsale est brune, plus ou moins rougeâtre, les pattes et les antennes sont d’un brun plus clair.
La coloration de cette espèce et sa pubescence sont très variables allant, pour la teinte foncière, du brun rouge, au noir ou au gris.
La face ventrale de l’abdomen est, en grande partie, ornée d’une pubescence blanche ou légèrement crayeuse. Sur chaque sternite il y a 2 taches latérales noires, le dernier sternite présente en outre une tache médiane noirâtre qui atteint ses bords antérieur et postérieur.

Larve

Taille    

Elle mesure de 14 à 16 mm de longueur, à maturité.

Aspect    

Allongée, étroite mais trapue, régulièrement amincie d’avant en arrière. Cuticule dure et coriace. Corps hérissé de poils brun-roux certains sont courts et d’autres (beaucoup moins nombreux) bien plus longs.
Présence sur le 9ème segment abdominal de 2 fortes pointes (nommées urogomphes).
Vues de profil ces pointes sont perpendiculaires à l’axe du corps et faiblement recourbées vers l’avant.

Coloration    

L’ensemble du corps est brun sombre. Le thorax et l’abdomen présentent une bande dorsale longitudinale, formée de taches claires ; cette bande dorsale s’amincit vers l’arrière de sorte que les taches claires peuvent être isolées.
Note : Les caractères morphologiques ou de coloration, mentionnés ici ne sont utilisables qui si l’on a affaire à des larves âgées (en général de longueur égale ou supérieure à 12 mm).

Cycle de développement

Dans la nature les adultes hivernent et reprennent leur activité au printemps mais ils sont particulièrement actifs en mai et juin, période à laquelle ils rentrent généralement dans nos locaux, nos lieux patrimoniaux…

La ponte débute au printemps et peut s’échelonner jusqu’au mois d’août, voire plus tard. Dans la nature les adultes sont actifs jusqu’en septembre.
Le cycle de développement dure de 4 à 8 semaines, il est très dépendant des conditions hygrométriques ambiantes ; il est optimal à  30-35° C. et à 70% d’humidité relative.

La fécondité est très dépendante du substrat nourricier et de la teneur en eau. La femelle peut pondre plus de 400 œufs dans des conditions optimales, sur viande séchée, mais seulement une vingtaine sur de la peau de lapin.
Plus la teneur en eau est élevée plus la fécondité sera importante. Le nombre de stades larvaires nécessaires au développement complet de l’insecte dépend de la nourriture, de la température et de l’humidité relative ambiante ; ainsi, avec 75% d’humidité relative, il y 6 mues à 35° C et 7 voire 9 si la température et/ou l’humidité relative baissent.

Les œufs sont blancs et mesurent environ 2mm ; ils sont déposés en petite quantité et en plusieurs fois, dans les fissures de l’aliment qui servira de nourriture aux larves ou dans des anciennes galeries. La larve néonate éclos environ une semaine après la ponte.

Le développement larvaire optimal nécessite des températures comprises entre 30 et 35° C et ne peut se dérouler en dessous de 15° C et au-dessus de 40° C.

Les larves sont lucifuges et si elles sont dérangées elles simulent la mort en se roulant en boule et en s’immobilisant.

Avant d’atteindre le dernier stade, la larve cesse de s’alimenter, recherche un abri dans le substrat infesté qui est souvent criblé de galeries, là elle reste immobile en stade de prénymphose.
La véritable nymphose intervient environ 2 semaines plus tard et elle dure une dizaine de jours. L’imago peut vivre plusieurs mois (2 à 6), ce dernier fuit la lumière et a une forte tendance à se dissimuler dans ou sous le substratum.

L’espèce est monovoltine c’est-à-dire qu’il n’y a qu’une génération par an.

Matériaux infestés

  • Chitine

  • Collagène

  • Kératine

Dermestes maculatus se nourrit préférentiellement de matières, substances ou produits d’origine animale.
L’espèce est carnivore et nécrophage et consomme des insectes desséchés ou fragments d’animaux morts (naturalisés ou non), de la corne, des poils, des viandes et poissons séchés, des peaux animales et dérivés (fourrures, reliures, parchemins, cuirs) et même des fromages.

Il peut occasionnellement se développer aux dépens de farines végétales (coprah, céréales). Un simple cadavre de souris ou de rat peut être à l’origine d’une véritable infestation et il convient donc de tenir propre tous les locaux à risques.

Outre les dégâts alimentaires, aux divers matériaux, produits et substances précitées,  signalons que les larves sont susceptibles, lors de leurs recherches de sites de nymphoses, de tarauder et creuser des galeries et tunnels dans toutes sortes de matériaux (bois, liège, lambris, plâtre,…), elles peuvent donc être indirectement à l’origine d’importants dégâts, autres qu’alimentaires.
Ajoutons que l’adulte peut, lui aussi, lors de sa sortie, à la suite de la nymphose, occasionner des dommages similaires.

Cet insecte peut également causer de gros dégâts dans les poulaillers où il endommage, par ses perforations, les panneaux d’isolation. Le « dermeste des peaux» a également  été signalé comme infestant des ruches en Asie du sud-est.

Répartition géographique

Très certainement d’origine eurasienne, le «Dermeste de peaux » est présent dans toutes les régions du monde, excepté dans les zones très froides. Il est particulièrement fréquent en région méditerranéenne.

 

Photos