La plupart des espèces de Dermestidae d’intérêt économique sont cosmopolites, elles ont été transportées involontairement par l’homme, depuis plusieurs dizaines de siècles voire de millénaires.
Environ 34 espèces de Dermestidae (on en connaît 86 espèces en France) sont susceptibles d’infester nos musées, nos lieux patrimoniaux, nos entrepôts, nos maisons,… dès lors qu’elles y trouvent une nourriture appropriée. Le genre Dermestes renferme, à lui seul, en France, plus du quart des espèces de la famille et c’est celui, parmi les Dermestidae, qui compte le plus d’espèces domicoles, bien que celles-ci soient répandues aussi dans la nature.
Les Dermestes (littéralement « mangeurs de peau ») sont essentiellement carnivores et nécrophages et leur larves voraces (souvent cannibales) se nourrissent de dépouilles et restes d’animaux (os, plumes, poils, peaux, chaires, …) d’insectes desséchés, de pupes ou de nymphes (voir chapitre « Matériaux infestés »). Ces insectes vifs et à la marche rapide, sont capables de repérer leur nourriture de très loin (plusieurs centaines de mètres).
Par son facies trapu, en ovale allongé et l’absence d’ocelle médian sur le front le genre Dermestes est facilement reconnaissable. Dix autres espèces de Dermestes font ici l’objet de fiches, il s’agit de D. ater, D. carnivorus, D. haemorrhoidalis, D. frischii, D. lardarius, D. maculatus, D. murinus, D. mustelinus, D. peruvianus et D. undulatus. Le lecteur pourra se reporter à ces autres fiches descriptives pour plus d’informations, générales ou spécifiques, sur ces ravageurs.
Les Dermestes spp. sont fréquemment associés aux cadavres humains. En criminologie et en entomologie forensique, ils font partie de la cohorte des insectes (ils sont plusieurs dizaines) utilisés par la police scientifique. Cependant ces Dermestes spp. sont peu fiables pour l’estimation de l’intervalle post-mortem, car il peuvent être attirés sur un cadavre aussi bien quelques jours après la mort, que plusieurs mois après. Par contre les déjections larvaires se révèlent très utiles pour détecter la présence d’éventuels produits toxiques (drogues, poisons), du fait que ceux-ci sont rapidement dégradés dans le corps humain.
Le « Dermeste bicolore » est très actif pendant l’été où, on peut le voir dans la nature, infestant plus particulièrement tout reste d’animal mort, les nids d’oiseaux, de chenilles processionnaires, de guêpes et les ruches. On peut aussi voir ses larves se déplacer avec vivacité sur l’écorce des arbres, en particulier les chênes lièges, où elles se nourrissent de tout débris animal (chrysalides, papillons morts …).
Il est également présent dans nos locaux, entrepôts maisons, lieux patrimoniaux,… où il peut infester toutes denrées à base de viande séchée ; il contamine parfois les greniers à séchage et fumage de charcuteries et viandes. Dans les musées sa larve peut s’avérer nuisible aux reliures et parchemins d’ouvrages anciens,… et aux collections d’animaux naturalisés.
Dermestes bicolor appartient (comme D. ater, D. haemorrhoidalis, D. lardarius et D. peruvianus) au sous-genre Dermestes, dont les adultes sont caractérisés par la face ventrale de l’abdomen à pilosité fine et éparse laissant voir ainsi la cuticule foncée.